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donnant une moyenne mensuelle de moins de 80 000 tonnes ; mais, en avril, le chiffre des constructions dépasse de 20 000 à 40 000 tonnes le total des destructions et tout nous permet de croire que désormais le bilan continuera à se solder en faveur de la reconstitution du tonnage. A on juger par les plans colossaux qui ont été projetés par nos alliés, Américains, Anglais et Japonais, l’avenir nous donne toute confiance.

M. Schwab, directeur général de la Navigation aux États-Unis, a déclaré, au retour d’une inspection, que l’Amérique comptait produire l’an prochain 10 millions de tonnes de portée en lourd, soit 6 600 000 de jauge brute, ce qui dépasserait largement le total des pertes des Alliés. De son côté, dans son discours à la Chambre des députés, M. André Tardieu a exposé que l’effort américain se traduisait de la façon suivante : 1 104 000 tonnes de portée en lourd pour le premier semestre 1918 ; 2 412 000 tonnes pour le deuxième semestre. Il a donné comme certain pour 1919 : 7 320 000 tonnes. « Cela revient à dire, a-t-il ajouté, que la flotte américaine de haute mer qui compte, au 1er janvier 1918, 5 370 000 tonnes de portée en lourd, en comprendra au 1er janvier prochain 7 788 000 tonnes, et que, non déduits les torpillages et les pertes pour risques de mer, au 1er janvier 1920, le chiffre maximum sera de 19 288 000 tonnes, le chiffre minimum de 15 116 000 tonnes. » Dès maintenant, voici ce qui est acquis. Le 4 juillet de cette année, les Américains ont lancé 95 bateaux d’une portée en lourd de plus de 466 000 tonnes. Le Japon leur vient en aide on acceptant la commande de 30 navires de 253 000 tonnes de portée en lourd. En Angleterre, le déficit des constructions par rapport aux pertes, après avoir été de 121 000 tonnes en moyenne, fin 1917, est descendu tout dernièrement à 30 000 tonnes, et l’on compte obvier à la pénurie de main-d’œuvre, qui est la cause première de ce résultat. Ce qu’il faut retenir, c’est que, dans le courant du deuxième semestre 1918, la comparaison entre les pertes et les récupérations se traduit par une différence en faveur des dernières : le tonnage construit dépassera bientôt mensuellement 500 000 tonnes, alors que les pertes de toute nature souffertes par la marine marchande alliée ou neutre paraissent devoir se stabiliser à un chiffre voisin de 250 000 tonnes par mois.

Mais il ne s’agit pas seulement de récupérer ce que l’on