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pas de plus convaincant que celui donné par la lettre suivante de M. Baker au président Wilson ? « Le premier vaisseau américain portant un personnel militaire a levé l’ancre le 8 mai 1917, ayant à bord le corps sanitaire de l’hôpital de base n° 4 et les membres du corps des infirmiers de réserve. Le général Pershing et son état-major se sont embarqués le 20 mai 1917. Les chiffres des embarquements du mois de mai 1917, jusqu’au mois de juin 1918 compris, sont les suivants : — Année 1917 : mai, 1 718 hommes ; juin, 12 261 ; juillet, 12 988 ; août, 18 323 ; septembre, 32 523 ; octobre, 38 259 ; novembre, 23 016 ; décembre, 48 840. — Année 1918 : janvier. 46 776 ; février, 48 027 ; mars, 83 811 ; avril. 117 212 ; mai, 244 345 ; juin, 276 372. Fusiliers marins, 14 544. Total : 1 million 019 115 hommes. Grâce à la protection efficace donnée par la flotte à notre système de transports, le nombre de soldats perdus en mer est seulement de 291. » Depuis cette date, les soldats américains ont passé l’Atlantique à raison de 300 000 par mois en moyenne (313 000 en août). Et nous savons, d’après les déclarations de M. Baker, que les approvisionnements et les équipements de cette immense armée sont déjà parvenus en France. Voilà, un résultat qui clôt éloquemment le chapitre de la puissance destructive des sous-marins ennemis.


Nous pouvons maintenant mesurer le prodigieux effort accompli par les marins alliés pour conjurer le péril sous-marin et déterminer exactement les résultats obtenus. D’aucuns ont déclaré que la guerre sous-marine a fait « faillite. » Nous hésiterions, pour notre part, à prononcer le mot de faillite, tant qu’il restera un seul sous-marin en croisière. Et on ne saurait traiter avec dédain une arme qui a pu encore engloutir, dans le mois qui vient de s’écouler, près de 200 000 tonnes de navires alliés ou neutres, détruire successivement des paquebots comme le Justicia de 32 000 tonnes et torpiller en Méditerranée, en l’espace de quelques semaines, trois courriers français dont le naufrage a causé la mort de plusieurs centaines d’hommes, l’un d’eux ayant disparu en quelques minutes. Bornons-nous pour le moment à signaler « l’échec » de cette guerre dont l’ennemi attendait un résultat qui lui a définitivement échappé.

Les sous-marins nous font et nous feront encore du mal,