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coulé dans la Méditerranée 2 navires de guerre, 1 croiseur auxiliaire, 5 transports de troupes, 124 paquebots, 62 voiliers, 2 chalutiers, représentant un total d’environ 500 000 tonnes. Imagine-t-on rien de plus sinistre que ces congratulations entre bourreaux ? Maintenant, déconcertés par la résistance que leur opposent les bâtiments de commerce, les commandants allemands s’abaissent de plus en plus souvent à torpiller les navires-hôpitaux. Le récent torpillage du Llandovery Castle porte à 12 le nombre de ces navires, couverts par la Croix-Rouge, qui ont été coulés depuis mars 1916 par les Allemands, entraînant la perte de 715 personnes qui auraient dû être considérées comme intangibles : blessés, médecins, infirmières.


La réduction du nombre des sous-marins en service d’une part, l’atténuation de leur puissance d’autre part devaient amener fatalement une diminution correspondante dans la destruction du tonnage allié. La courbe de ce tonnage, y compris les pertes dues aux risques de toute nature, accidents de mer, etc. est surtout intéressante à étudier à partir de 1917. Elle part de 409 000 tonnes en janvier et passe progressivement par les totaux suivants : février 574 000 tonnes, mars 694 000, avril 893 000. Là est le point culminant de la campagne. De ce faite inquiétant, elle s’abaisse presque sans interruption jusqu’en juin 1918, savoir : année 1917[1] (tonnage brut), mai 630 000 tonnes, juin 712 000, juillet 575 000, août 543 000, septembre 369 000, octobre 487 000, novembre 333 000, décembre 452 000. Au cours de 1918, la situation s’améliore sensiblement : nous perdons 338 000 tonnes en janvier, 383 000 en février, 381 000 en mars, 305 000 en avril, 355 000 en mai, 279 000 en juin, 313 000 en juillet, 327 000 en août. Si l’on compare les résultats de la guerre sous-marine pendant les deuxièmes trimestres de 1917 et de 1918, on se rend compte qu’il a été coulé 2 236 000 tonnes l’année passée contre 939 000 tonnes en 1918, soit pour cette année plus de la moitié moins.

Ainsi tous les chiffres concordent. Qu’il s’agisse de la destruction des unités ennemies et de l’état de leur mise en service,

  1. Ces chiffres sont ceux qui ont été confirmés par l’Amirauté britannique ; les derniers mois peuvent être sujets à rectification. A noter que les Alliés se refusent à publier le montant des pertes dues à la seule action de l’ennemi.