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croire, nous sommes même convaincus, qu’ayant été attaqués sans que nous soyons coupables, nous avons le droit à une telle indemnité. » Et si l’Empire est présentement disposé à n’en pas poursuivre le recouvrement, c’est qu’il y faudrait « de si grands sacrifices que l’argent ne les paierait pas. » Le vice-chancelier s’en console à demi: « Malgré tout, le traité de paix aura encore un riche contenu positif » (0 phraséologie des Universités d’Outre-Rhin.) Quel « contenu positif? » M. de Payer voudrait nous induire en la tentation de nous contenter d’avoir fondé sur le papier, qui devient facilement chiffon, une vague Société des nations avec institution de tribunaux d’arbitrage international, et mirages de désarmements nationaux. L’Allemagne, déclare-t-il, ne fera à ce programme aucune opposition. Elle serait prête, plutôt, à collaborera sa réalisation. Nous l’avions prédit, qu’elle revendiquerait la paternité ou la maternité de cette société nouvelle, dont elle aurait fourni le prototype dans l’ancien Saint-Empire ou l’ancienne Confédération. Mais M. de Payer y apporte une manière de cynisme agressif : « L’idée d’une Ligue des nations nous était déjà familière à l’époque où l’Angleterre et la France ne pensaient qu’à opprimer ouvertement les peuples étrangers. » C’est-à-dire aux temps de Kant, de Stein et de Hardenberg, aux périodes révolutionnaire et napoléonienne. « Une juridiction d’arbitrage, même internationale, n’est pour nous rien de nouveau. » Pour nous, pour des gens qui ont été accoutumés à l’arbitrage de la Confédération entre les nations germaniques, avec pouvoir « d’exécution fédérale. » Seulement, de ce Saint-Empire élargi, tout le monde en serait : « tous ceux qui désirent un partage égal des droits et des devoirs. »

En donnant cette définition, M. de Payer ne songe pas à en exclure l’Allemagne, mais à y emprisonner l’Angleterre, cette Carthage de Berlin. « Nous verrions même volontiers étendre ces précautions aux forces navales, et non les restreindre aux seules forces terrestres. » D’ailleurs, M. de Payer en engage sa foi : il faudra prendre l’Allemagne telle qu’elle est : elle n’a pas changé et ne changera pas. « La prétention de ne vouloir nous accepter aux négociations qu’après que nous aurons demandé grâce, en manifestant le repentir, nous fait rire : nous rions des fous qui radotent ainsi. »

Aussi bien ce discours n’était-il qu’une introduction à la valse viennoise où devait nous inviter, l’heure jugée venue, la Note partie du Ballplatz.

Premièrement, le comte Burian pose la question comme M. de Payer l’a posée, quant à l’opportunité de la démarche. « Un examen objectif et