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destructive sera moins grande qu’à la jonction des routes maritimes ; ces longues randonnées, pénibles pour le personnel, entraîneront une usure rapide du matériel. Ne nous dissimulons pas toutefois que c’est un nuage qui se lève à nouveau devant notre horizon.

Nous connaissons l’audace de ces nouveaux adversaires ; soyons « parés » à les recevoir : « les navires du programme américain, a dit Sir Eric Geddes le 31 août à la Chambre des communes, commencent à entrer en ligne et bientôt le courant des contre-torpilleurs et des bateaux employés contre les sous-marins qui vient des États-Unis se transformera en un torrent formidable. » Les unités auxquelles le premier Lord de l’Amirauté fait allusion sont les bâtiments spéciaux contre sous-marins que nous devons opposer en nombre croissant à nos adversaires sur toute la ligne de l’Atlantique.

Nous avons le ferme espoir que notre offensive ne se ralentira pas ; cet espoir est partagé par tous les hommes d’État et amiraux alliés qui sont au courant de la question. Le jour même où Sir Eric Geddes prononçait le discours auquel nous venons de faire allusion, M. Massey, premier ministre de Nouvelle-Zélande, après avoir assisté aux réunions du Comité impérial de guerre, déclarait expressément : « La flotte est maintenant à même de couler les sous-marins, quelle que soit la rapidité avec laquelle ils puissent être remplacés. » Cette opinion est celle de l’amiral de Jellicoe qui, meilleur prophète que le chef d’état-major général allemand, avait annoncé pour le mois d’août 1918, l’échec de la guerre sous-marine. C’est en vain que les antennes de Nauen lancent à travers le monde les démentis opposés à l’amiral anglais par von Hoeltzendorff, affirmant qu’il est inexact que nous coulions plus de sous-marins que l’Allemagne n’en construit Nous avons pris assez souvent l’Amirauté germanique en flagrant délit de mensonge pour ne pas nous laisser impressionner par une pareille dénégation.


RENE LA BRUYERE.