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combattre les nouveaux croiseurs submersibles dont quelques-uns opèrent déjà et dont le nombre atteindra un chiffre respectable. Nous savons d’ailleurs dès maintenant qu’ils ne sont pas à l’abri de nos coups : l’un d’eux a été coulé le 11 mai à la hauteur du cap Saint-Vincent, alors qu’il se rendait au-devant d’un convoi. C’est à un sous-marin anglais que cet honneur échut. Il surprit l’adversaire étant en plongée et le torpilla. La mer était forte à ce moment. On ne retrouva point de survivant.

Quant à la fabrication des torpilles, elle est malheureusement favorisée par le monopole que nous avons laissé prendre à l’Autriche dans la fabrication des torpilles Whitehead ; nos crédits budgétaires ont aidé à la construction des établissements de Fiume, quand il eût été si simple d’exiger, comme en Angleterre, la fabrication locale de ces engins. Néanmoins, la consommation prodigieuse à laquelle sont condamnés les assaillants, du fait de nos mesures de protection, rend le problème assez délicat à réaliser même pour une nation aussi bien outillée que l’Allemagne. Celle-ci doit délivrer à ses commandants plusieurs centaines de torpilles par mois ; il est probable que les matières premières nécessaires à leur usinage se trouvent difficilement ; en outre, le réglage de la torpille automobile nécessite beaucoup de temps et se heurte à bien des difficultés matérielles. Nous ne pensons pas en définitive que les Allemands puissent actuellement mettre en service plus de sept à huit sous-marins par mois et nous ne voyons pas pourquoi nous ne maintiendrions pas nos succès au niveau des chiffres atteints précédemment, surtout avec l’aide de l’Amérique et du Japon. Nous pouvons donc espérer que le nombre de sous-marins en service continuera à baisser.

Il est un point cependant qui mérite de retenir notre attention : presque tous les submersibles victimes de notre offensive ont été coulés le long de nos côtes. La majeure partie de nos procédés de destruction sont inefficaces au large : notamment les champs de mines, les barrages et l’aviation. C’est pourquoi les Allemands ont cherché à s’éloigner de ces zones critiques en portant la guerre en pleine mer, grâce à leurs croiseurs submersibles. On peut craindre que ces bâtiments n’échappent davantage à nos coups. Il est vrai que leur construction est plus laborieuse ; en outre, en croisant dans des régions où les navires sont plus clairsemés, leur puissance