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sens que les opérations offensives des sous-marins se pratiquent surtout en position de plongée. L’usage du microphone va encore donner plus d’extension à cette phase de la lutte.

Sans appareil d’écoute, en effet, combien est décevante cette recherche perpétuelle de l’ennemi dont on devine la présence sans être fixé sur le lieu de ses évolutions ! Un commandant de destroyer me racontait que, pendant plusieurs mois, il avait patrouillé en Méditerranée. Il me disait ses vaines attentes sur la passerelle par les journées calmes, monotones, ou par les soirs de tempête, quand l’embrun fouette le visage, lorsque tout à coup il se trouva en présence de la bête d’airain. C’était par une nuit claire, chargée d’orage. Les étoiles brillaient d’un éclat inaccoutumé. Et voilà qu’en regardant le long des bastingages, le commandant aperçoit la trace opaline du sous-marin qui traîne son sillon phosphorescent à quelques pieds sous l’eau. On voit les bulles d’air chassées par l’hélice monter et s’irradier comme un semis de perles sur l’écrin des vagues. Rencontre dramatique dans son impressionnante beauté et dont l’équipage reste un instant confondu. On se ressaisit, on s’empare des grenades. L’officier de quart manœuvre pour couper la route de l’ennemi qui se dessine, telle une voie lactée sur le bleu méditerranéen. Les impondérables animalcules qui fournissent cette lumière diffuse sont les complices de notre destroyer. On lance les grenades. Les matelots guettent dans l’angoisse une détonation, Rien n’explose ! Il y a un raté de détonateur, et le sous-marin s’évade devant le commandant du destroyer impuissant. Qui peindra la rage de cet officier ? Trop rares sont les occasions de bien placer une grenade : il est inadmissible que celle-ci ne soit pas d’un mécanisme absolument sûr. Il faut donc s’appliquer à perfectionner les grenades et lorsque d’autre part nous aurons des appareils d’écoute bien au point, le sous-marin ne connaîtra plus de repos.

Déjà les résultats obtenus par nos groupes offensifs d’écoute sont très concluants. On comprendra que je m’abstienne d’entrer dans des détails sur ce point : l’ennemi ignore nos moyens, et surtout nos procédés tactiques de recherche et de destruction. Je puis dire cependant que bon nombre de nos écouteurs ont pu révéler la présence d’un sous-marin qui aurait passé inaperçu sans eux, et provoquer sa perle. D’autres se sont