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pour plonger, déclarant « qu’il en aurait bien le temps. » Dans cette même Adriatique, le sous-marin Circé a surpris, après de vaines attentes, un de ses congénères autrichiens et l’a coulé. Tout dernièrement, le chalutier Ailly envoyait un submersible par le fond. Nous avons parlé des exploits de notre aviation. Quant aux mines, nous en avons mouillé plusieurs dizaines de mille. Nos bureaux de renseignements ont fonctionné d’une façon parfaite, et nous savons quelle en est l’importance. Enfin, nous avons fait bénéficier nos alliés de la fertilité de notre imagination, de l’excellence de nos méthodes tactiques et de nos recherches fructueuses : nos amis anglais savent apprécier nos services ; étant donnés les effectifs de notre marine, nous pouvons affirmer que, sous le rapport du rendement, elle ne craint aucune comparaison.

Au point de vue technique, il serait curieux, de calculer le pourcentage obtenu sur l’ensemble des destructions par chacun des procédés mis en œuvre ; mais c’est surtout ce qu’il importe de cacher à nos ennemis. Nous pouvons donner toutefois les quelques indications suivantes. Le feu de l’artillerie a fait dans les débuts beaucoup de mal aux sous-marins lorsque ceux-ci attaquaient en surface, et que les bateaux-pièges pouvaient les surprendre : bien que nos ennemis soient sur leurs gardes et que l’armement de leurs unités munies de pièces de 150 leur permette d’engager le combat à longue distance, le canon n’a pas cessé d’être le roi de la bataille, ne serait-ce que parce qu’il oblige l’adversaire à plonger et que, dans bien des cas, c’est lui qui donne le coup de grâce à la bête blessée. Les filets et les barrages, dans les mailles desquels bien des squales d’acier ont trouvé une mort atroce, n’offre plus autant de perspectives de succès. Le sous-marin à l’affût reste un élément sérieux de destruction. Quant aux champs de mines, ils deviennent de plus en plus funestes à l’ennemi : en vain essayerait-il d’y pratiquer une brèche ; la mine guette sa proie à l’endroit où l’on s’y attend le moins. Un, deux, trois navires peuvent passer librement là où le quatrième doit sombrer ; une déviation de quelques degrés dans la route fait naître la catastrophe. La grenade sous-marine aux mains de chasseurs rapides ou d’avions à grand rayon d’action, joue actuellement un rôle capital. Ceci est conforme à l’évolution de la guerre sous-marine qui devient de plus en plus « sous-marine, » si j’ose dire, en ce