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à partir de ce moment, cette courbe oscille pendant toute l’année 1917 autour d’un arc convexe dont le point culminant se place au milieu de l’année. Puis, le Ier janvier 1918, chute brusque et ininterrompue de la courbe qui descend pendant le premier semestre 1918 aussi vile qu’elle était montée en 1916. Espérons que cette descente vertigineuse ne s’arrêtera plus.

A l’Amirauté britannique revient surtout l’honneur de cette magnifique campagne offensive. Ce sont les Anglais qui ont multiplié les barrages, les champs de mines et lancé sur les mers de puissantes escadrilles de chasse. Il ne faudrait cependant pas méconnaître le rôle joué par les marines alliées, italienne, américaine, japonaise, et enfin par la nôtre. Bien que la marine française se soit, comme nous l’exposerons, plus spécialement consacrée à la guerre défensive et à la protection des convois, elle a cependant puissamment coopéré à la destruction de l’ennemi. Pour ne citer que les exemples typiques, ses filets ont capturé un sous-marin au Havre, dans des conditions qui mettent en lumière les services rendus par les filets indicateurs dont nous avons eu l’occasion de parler. Ce sous-marin avait été assez imprudent pour venir rôder à l’entrée des bassins. Il se prit aux rets dont il ignorait la présence et qui dévoilèrent la sienne. Aussitôt les chalutiers accoururent de toutes parts, semant de grenades le lieu où se débattait l’ennemi. Ils l’obligèrent ainsi à remonter d’un bond et s’en emparèrent. Ce navire figure aujourd’hui dans les rangs de notre flotte sous le nom du Roland Morillot, en souvenir du valeureux commandant du Monge qui, lui, préféra s’engloutir avec son submersible plutôt que de le rendre aux Autrichiens. Depuis cette heureuse capture, nous avons continué à détruire des sous-marins en usant de tous les procédés offensifs en notre pouvoir. Nous avons relaté le triomphe de l’Oise dû à la grenade. Un de nos chasseurs d’escadre, le Bisson a coulé un sous-marin dans l’Adriatique avec une maestria remarquable. Il naviguait en ligne de file derrière deux contre-torpilleurs italiens quand il aperçut l’autrichien en demi-plongée. Le Bisson quitta la ligne à 25 nœuds et commença le feu à 3 000 mètres avec ses deux pièces de 100 millimètres. Après deux coups courts, le troisième porta en plein. Le sous-marin s’enfonça instantanément par l’arrière, l’avant dressé en l’air verticalement et coula en quinze secondes. Le commandant ne s’était pas pressé