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quelque imprudence, il risque d’être lui-même attaqué. Des deux amphibies, celui qui se montre le premier sera frappé par l’autre. Il y a eu, au reste, plusieurs combats entre sous-marins immergés qui se sont terminés par la victoire des navires anglais ou italiens, après des rencontres dignes de la plume d’un Wells. L’un de nos submersibles lança sous l’eau, dans la mer du Nord, contre un navire similaire, deux torpilles qui ne portèrent point, et en reçut autant de lui, ainsi que dans un duel où les antagonistes échangent leurs balles sans résultat.

Des unités austro-allemandes ont été également détruites à l’abordage, comme aux temps anciens. Un abordage bref, qui, en quelques secondes se termine par l’anéantissement du sous-marin coulant à pic. On peut citer comme exemple le cas récent du transport X… qui, faisant route sur Cherbourg, est attaqué à 0 à 45 par un sous-marin. L’escorteur du transport vient à toute vitesse, dès qu’il distingue l’assaillant à quatre quarts par tribord. Il lance un signal lumineux pour attirer l’attention du navire convoyé que le sous-marin n’aperçoit pas, toute l’attention de ce dernier étant retenue par le patrouilleur. Le transport aborde carrément le sous-marin par l’arrière de la coque à une vitesse de vingt nœuds et pense lui-même couler sous la violence du choc. Il fait stopper ses machines et s’écarte du sous-marin, qui s’abîme avec une plainte rauque. Le lendemain matin, un ruisseau gras et épais s’épanchait sur l’eau, du lieu du sinistre, dans le sens de la marée.

Parfois, il faut mettre en œuvre des procédés compliqués et brutaux pour venir à bout du corsaire. Un hydravion a repéré un sous-marin reposant sur le fond. Aussitôt l’observateur fait un appel par la T. S. F. A dix milles de la, un destroyer et des chalutiers se détachent. Pendant que l’hydravion, tel un gigantesque oiseau de proie, tourne en cercle au-dessus du squale d’acier, if communique aux navires par la T. S. F. des instructions courtes et précises. Prenant leurs dispositions en conséquence, les chalutiers se placent aux quatre coins d’un rectangle, tandis que le destroyer surveille l’intérieur avec ses canons prêts à tirer si l’ennemi apparaît. Les chalutiers mettent leurs dragues à la mer, de longues aussières de métal, d’une force incroyable, avec un grand « prisme » au milieu pour maintenir leur ballant au fond de l’eau ; puis ils font route les uns vers les autres. Au moment où les navires se