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surprend pas, car elle est de pratique courante chez les Allemands. Ce sont eux qui, les premiers, ont mouillé des mines à l’aide de leurs sous-marins sans préavis et sans souci des existences exposées. A plusieurs reprises, des bâtiments neutres ont sombré sur des mines allemandes en dérive qui ne remplissaient pas les conditions imposées par la Convention de la Haye. L’Allemagne trouvait à ce moment-là le procédé louable, parce qu’il servait ses desseins : il a cessé de lui plaire depuis qu’il se retourne contre elle. Comme nous jouissons de la maîtrise de la mer, il nous est possible de draguer les mines que posent nos ennemis, tandis que ceux-ci éprouvent les plus grandes difficultés à se frayer une route sûre à travers nos « champs de mort. » L’Entente a toujours été respectueuse des traités internationaux : elle est dans son droit strict en répondant au blocus odieux des sous-marins ennemis par des procédés de défense adéquats, universellement reconnus par des conventions diplomatiques.


Les engins explosifs sous-marins que nous venons d’examiner ne possèdent aucun moyen de propulsion qui leur soit propre. Les uns sont fixes comme les mines ; d’autres doivent être déposés en quelque sorte sur le submersible au moyen d’un avion, d’un dirigeable, ou d’un navire. De là vient la supériorité de la torpille automobile : elle présente l’avantage de parcourir sous l’eau un trajet de plusieurs kilomètres et de pouvoir être réglée en profondeur et en direction, de façon à atteindre son but jusqu’à six mille mètres du point d’où elle est projetée. Elle est un véritable petit navire qui se guide tout seul grâce à un gouvernail automatique.

On a employé, avec succès, la torpille contre les sous-marins en demi-plongée ; soit à bord des destroyers, soit surtout sur les sous-marins qui sont ainsi amenés à combattre contre leurs congénères. Cette lutte des deux frères ennemis s’attaquant sous l’eau, est une des nouveautés les plus saisissantes de la guerre actuelle. Les submersibles alliés attendent en plongée l’adversaire à la sortie de ses bases. Ils peuvent explorer la mer à l’aide du périscope sans être aperçus. Si, par bonheur, le submersible ennemi navigue en demi-plongée, le nôtre aussitôt décoche sa torpille. En revanche, s’il commet