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perfectionnés. Les dirigeables ont montré de sérieuses qualités comme éclaireurs et comme escorteurs de convois. En plusieurs circonstances, ils ont forcé l’ennemi à plonger, en le mettant dans l’impossibilité d’attaquer les bâtiments et lançant contre lui des bombes puissantes.

Le 30 mai dernier, un de nos dirigeables de la Manche orientale aperçoit l’ennemi naviguant en plongée : dix minutes après l’explosion de la première bombe lancée par le ballon, les remous qu’elle avait produits s’étant apaisés, un gros filet de matière huileuse monte du fond et s’étend à la surface. Des patrouilleurs viennent à leur tour lancer des charges d’explosif à cet endroit ; puis, à la suite d’un nouveau jet de bombes par le dirigeable, la nappe d’huile gagne en étendue. Les patrouilleurs ayant recommencé leur manœuvre d’attaque, on observa des bouillonnements qui durèrent une demi-heure, tandis que l’émission d’huile persistait toujours. Une-semaine après, 7 juin, on eut l’occasion d’en constater encore à la place où était le sous-marin. L’huile, c’est le sang du submersible. Celui-ci avait été atteint d’une hémorragie lente et mortelle.

Les bombes à empennage, employées par l’aéronautique maritime explosent au choc instantanément lorsqu’elles rencontrent un corps dur, comme l’acier d’un sous-marin, ou au contact de l’eau. Dans ce cas, par suite d’un retard pyrotechnique, il est possible de régler la détonation à la profondeur voulue, d’après la nature de la charge. Nous possédons plusieurs types de bombes, dont le poids d’explosif va en augmentant sans cesse.

Indépendamment de ses dirigeables qui exécutèrent, en juillet, 1 314 heures de croisière au-dessus de la mer, interdisant ainsi aux sous-marins ennemis, de jour du moins, des zones de plus en plus étendues, la marine française emploie des ballons captifs, soit dans les postes vigies, soit en mer à bord des petits bâtiments. Les ballons captifs ont fait, au cours du mois de juillet, plus de 5 500 heures d’ascension et de 150 sorties en mer, tant pour patrouilles que pour dragages de mines. C’est à un ballon captif que la goélette française Augusta dut de n’être pas victime d’un sous-marin dans la matinée du 8 juin au large de la côte de Bretagne. Ce sous-marin avait tiré de loin sur l’Augusta et celle-ci se défendait vaillamment, lorsque, au cinquante-septième coup, sa pièce se trouva momentanément hors de service. Un patrouilleur muni d’un ballon captif avait