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et l’autre appareil lançait aussi ses projectiles dans de bonnes conditions. L’avant du sous-marin émerge de quatre mètres, tandis que l’arrière reste sous l’eau ; la coque s’incline décote ; on voit une immense tache noirâtre et de gros bouillonnements d’air. Croyant son adversaire frappé à mort, l’enseigne de vaisseau Leray descendait vers la mer pour identifier quelques débris, quand le sous-marin réussit à se mettre en flottaison normale. Aussitôt, l’équipage monte sur le pont, les canonniers courent à leurs pièces et ouvrent le feu sur les hydravions. Ceux-ci n’ont plus de bombes, et leur provision d’essence s’épuise ; ils doivent donc rallier la côte après quatre heures de vol en haute mer et par un temps très dur. Aussitôt, une nouvelle section se porte sur les lieux du combat, encore marqués par de larges taches de mazout : le sous-marin est toujours en surface, mais il a vu venir son ennemi aérien et le mitraille tout en décrivant des zigzags pour l’empêcher de viser. Les hydravions n’en réussissent pas moins à jeter leurs bombes. Le sous-marin avarié l’U-39, eut grand’peine à se traîner jusqu’à Carthagène pour s’y faire réparer et interner.

Les Alliés s’efforcent d’augmenter le nombre de leurs hydravions. Pour notre part, nous en aurons plus de mille en service après l’achèvement prochain du programme prévu le 29 juillet 1917. Nous portons, en outre, toute notre attention vers l’accroissement de la puissance explosive des bombes dont la charge a été d’abord trop faible. Les nouveaux appareils peuvent actuellement emporter un poids plus lourd. Les types aujourd’hui en service sont fort améliorés et nous avons réalisé l’hydravion de haute mer à grande endurance et grand rayon d’action, qui peut assurer la protection des convois jusqu’à une distance considérable de nos côtes.

Quant à l’aérostation maritime, celle-ci, qui n’existait pas avant la guerre, prit du développement à partir d’avril 1915, lorsque l’Amirauté anglaise décida, pour protéger le Pas de Calais, d’établir en France un port de relâche destiné aux dirigeables, port qui devint ensuite le noyau de notre service d’aérostation. Celle-ci comprend deux types de dirigeables armés de mitrailleuses et de bombes : l’un de 2 690 à 3 000 mètres, l’autre de 6 000 à 8 000 mètres et des ballons captifs. Il est probable que, dans un avenir très rapproché, nous mettrons en service des dirigeables dont les moyens offensifs seront encore plus