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Voici enfin, émanant de notre ministère de la Marine, un communiqué auquel je n’ajouterai rien. Il retrace dans leur tragique simplicité, les péripéties de la fin classique du submersible. « Le 5 août vers la fin de la journée, l’aviso Oise, commandant des Ormeaux, était au large de la côte de Bretagne, en opérations de recherches méthodiques d’un sous-marin ennemi. Soudain, à 80 mètres environ, émerge un périscope. Le sous-marin marche à faible vitesse et, surpris, exécute précipitamment les manœuvres de plongée ; mais l’Oise, de son côté, évolue sans perdre une seconde et, au commandement, le second-maitre Coupelant, chargé du lance-grenades, bombarde instantanément l’ennemi. L’aviso coupe et recoupe ensuite à plusieurs reprises le sillage du sous-marin en immersion, jetant chaque fois des explosifs. Une tache d’huile apparaît, s’élargit, et ne dérive pas ; divers indices démontrent que les coups ont porté. Le sous-marin a coulé corps et biens… » Tout s’est passé comme à l’exercice, dans des conditions où s’est affirmé le haut degré d’entraînement de l’équipage.

Tous les bâtiments sont aujourd’hui munis de grenades sous-marines. Ce sont ceux dont la vitesse est la plus grande et qui peuvent passer sans transition à un régime de vitesse supérieur, qui utilisent la grenade avec le plus de succès, en raison de la facilité qu’ils ont de fondre sur leur ennemi. Pour ce motif, l’Angleterre qui possède un nombre très élevé d’unités rapides, propres aux opérations offensives, torpilleurs, destroyers (principalement ceux de ces bâtiments qui chauffent au mazout), s’est trouvée tout particulièrement en mesure de se livrer à la chasse des sous-marins. Jusqu’aux derniers jours de 1917, la France n’avait pu distraire ses torpilleurs du rôle ingrat d’escorteurs de convois. Elle n’avait que faiblement participé à la poursuite active de l’ennemi : non pas que l’esprit d’offensive soit moins ardent chez elle que dans la marine britannique, mais parce que l’effectif de ses torpilleurs était manifestement insuffisant. Depuis cette année, nous avons pu constituer des escadrilles de chasse, grâce à l’entrée en service de navires spéciaux, avisos, sloops, canonnières, etc… Notons d’ailleurs qu’en dehors de ces navires spéciaux, tous les patrouilleurs et même les bâtiments de commerce sont appelés à jeter des grenades sur les sous-marins en cas d’attaque de convois.

Le jet des petites grenades est opéré à la main : quant aux