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atteint la profondeur voulue, et la pression hydrostatique qui se règle d’après les lois physiques connues, Dans la marine française les grenades type artillerie utilisent à la fois le choc et la traction : la grenade C. M. la traction seule et la grenade Guiraud la pression hydrostatique. Comme les occasions sont rares de toucher le sous-marin avec la grenade, la détonation par le choc sert à faire exploser la charge au contact du fond : ce qui dans certains cas peut amener la porte de l’ennemi.

A mesure que nous constations l’efficacité des grenades sous-marines, nous en avons augmenté la puissance explosive. Celles que nous employons à l’heure actuelle renferment un poids d’explosif déjà considérable : il sera encore largement dépassé dans l’avenir. Toutefois le rayon d’action de la grenade agissant à peu près en raison directe de la racine cubique de la charge, on n’obtient pas un résultat proportionnel à l’importance de cette charge. Une grenade de 75 kilogrammes provoquera à 20 mètres des avaries telles à un sous-marin que celui-ci coulera ou devra remonter à la surface. Le même engin à 500 kilogrammes d’explosif produira un effet analogue à 50 mètres à peine. C’est donc une question délicate de savoir s’il faut augmenter la puissance de la charge au détriment du nombre de grenades à lancer. Celles-ci sont chargées avec toutes sortes d’explosifs : mélinite, coton-poudre, perchlorate d’ammoniaque, etc…

Il ne se passe pas de semaine sans que nos bâtiments aient l’occasion de se servir de leurs grenades et que se reproduisent des incidents de la nature de ceux relatés par un communiqué britannique du mois de juin. Deux destroyers anglais en patrouille reçoivent un signal de détresse d’un navire marchand torpillé. Ils se transportent sur le lieu du sinistre et jettent quatre bombes dans les parages où l’on croit que navigue le sous-marin. De l’huile apparaît sur l’eau. Quelques minutes s’écoulent. A cinq miles des destroyers, le sous-marin blessé est obligé de remonter. A peine signalé, il est salué par l’artillerie des torpilleurs et touché deux fois. Il s’enfonce ; il hisse le pavillon blanc. Son équipage se réunit sur le pont. Le destroyer cesse le feu ; mais il est trop tard : une explosion se produit, engloutissant la coque et projetant à la mer les marins allemands. Les uns sont tués ; d’autres tombent prisonniers aux mains des Britanniques.