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le traverser sans risques et sans qu’il soit possible de préciser sur quel point doit porter la réparation : c’est ce qui est arrivé dans le Pas de Calais, où le barrage a cessé d’être efficace au bout de quelques semaines. D’autre part, pour éloigner les filets métalliques des côtes à surveiller, il faut leur donner une longueur telle que leur établissement nécessiterait des travaux hors de proportion avec le but à atteindre. — S’agit-il de filets traînants ? (car on a eu recours à tous les modes de pêche) eux aussi ont donné lieu à des mécomptes. Le canal d’Otrante notamment a été gardé par de courts éléments que traînaient des « drifters » de la marine britannique. Ces barrages mobiles ont causé la perle de quelques sous-marins, mais les drifters ont été très embarrassés pour orienter leurs filets sous lesquels, du reste, ont pu fréquemment passer les submersibles qu’ils se proposaient de « mailler. » — En cette matière il a donc fallu innover sans cesse. On a perfectionné les barrages en les munissant de mines qui explosent automatiquement au passage des sous-marins ; on a surtout imaginé des filets indicateurs placés sur le passage des submersibles et supportés par des bouées flottantes. Le point où les bouées s’immergent sous le heurt du sous-marin détermine l’endroit où les navires de garde doivent jeter leurs grenades.


Les grenades sous-marines, dont l’emploi se généralise de plus en plus, sont actuellement l’effroi des flottilles allemandes. Que ce soit en surface ou en plongée, on coule un sous-marin en pratiquant la moindre brèche dans sa coque à l’aide d’un explosif. Nous connaissions par expérience les effets des obus qui frappent à l’air libre, mais l’engin spécial à opposer au sous-marin immergé restait à découvrir : cet engin est la grenade qu’on lance du pont d’un navire sur le lieu de plongée du sous-marin. Il faut se garder de la confondre avec la mine automatique mouillée sur un crapaud qui détone au choc de l’étrave. Tandis que la mine est immobile, la grenade possède cette supériorité qu’elle atteint le sous-marin là où il est présumé devoir se trouver. Son explosion tantôt est déterminée par le choc, tantôt se produit mécaniquement. Deux systèmes sont employés à cet effet : la traction opérée par un flotteur qui agit ainsi qu’un cordon de tire-feu lorsque la grenade