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sous-marine « marche à son déclin. » M. Daniels, secrétaire d’État des États-Unis, fait, le 1er août, cette constatation : « La diminution des navires coulés est constante. Le sous-marin a cessé d’être un des facteurs principaux de la guerre. » Enfin, dans une interview publiée par la Tribuna, l’amiral del Bono déclare : « De nombreux submersibles ont été détruits : la situation ne pourrait être plus encourageante. »

On commence en Allemagne à ne plus se faire d’illusions sur les résultats de cette guerre sous-marine dont on s’était tant promis. Le capitaine Persius écrit dans le Berliner Tageblatt : « Nous devons avouer que les espoirs fantastiques de beaucoup d’entre nous ont été vains. » Quelque temps auparavant, le même écrivain annonçait : « Il faut que notre population se persuade que la guerre sous-marine devient toujours plus difficile en raison des mesures plus efficaces de défense adoptées par l’ennemi. »

L’Amirauté allemande cherche à masquer sa déconvenue. Afin de cacher l’importance des perles de sous-marins, elle donne l’ordre, dans les avis de mort concernant les membres des équipages, de ne jamais déclarer que l’homme dont on annonce le décès faisait partie du personnel d’un sous-marin, à moins que n’ait été officiellement annoncée la perte du sous-marin lui-même. Et elle fait écrire par le colonel Egli, pour expliquer que 1 300 000 soldats américains aient pu passer en Européen ne perdant que 291 hommes : « Ce serait une faute si les » commandants des sous-marins étaient uniquement animés de l’orgueil de couler un transport de troupes de 1 500 Américains, oubliant ainsi le but principal de la guerre sous-marine. » Cette ingénieuse boutade ne rappelle-t-elle pas certaine fable du bon La Fontaine ?

Lisez maintenant l’exposé de l’amiral von Cappelle devant le Reichstag. Le ton est loin d’en être victorieux : « Évidemment, dit-il, les résultats de la guerre sous-marine devront diminuer avec la réduction du trafic maritime. Cela ne changera rien au succès final, pas plus que le fait que, dans certaines circonstances favorables pour les adversaires, les pertes de sous-marins peuvent, d’une façon passagère, être plus élevées que la normale. » Enfin, mieux que toutes les déclarations et que tous les discours, un fait prouve que la guerre sous-marine a fait faillite aux yeux de l’Allemagne elle-même. L’amiral