Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 47.djvu/626

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pactisait-il avec les pour chasseurs des héroïnes de la charité chrétienne, des Filles de Saint-Vincent de Paul et des Petites-Sœurs des Pauvres ? Encore non, toujours non.


Ainsi protestait-il contre l’évolution politique qu’en dehors de lui, au-dessus de lui, son œuvre avait suivie. Mais son rôle de précurseur ne pouvait être désavoué. Il n’y avait plus bientôt, dans le canton de Genève, que 3 communes où les prêtres et fidèles de Rome fussent demeurés en possession de leurs églises ; partout ailleurs, ils vivaient dans des installations de fortune, dans des salles, dans des granges, dans des chapelles hâtivement bâties.

Et les curés catholiques nationaux, les intrus, comme les appelait couramment la population, n’avaient à leurs offices qu’une insignifiante poignée de fidèles, quelquefois presque aucun : les catholiques d’origine qui, par motif politique, avaient élu ces pasteurs, étaient le plus souvent peu assidus au culte, soit qu’ils prissent peu d’intérêt à la messe en général, soit qu’ils prêtassent une médiocre valeur à la messe de leurs propres élus. L’heure était proche où tout devait manquer à cette Église, sacerdoce et clientèle.


III

L’Etat radical, en 1873 et 1874, avait institué deux Eglises : l’une protestante, l’autre catholique nationale, qui n’étaient, comme l’observait très exactement Ernest Naville, « ni des réunions de croyants, ni des sociétés volontaires, ni des sociétés libres, ni distinctes de l’Etat puisque organisées par lui, ni autonomes. »

L’une de ces Eglises, la u catholique nationale, » avait tout pris à l’Église catholique romaine, ses lieux de culte, ses presbytères, son nom, presque tout en un mot, sauf son dogme et ses fidèles. Elle s’était distinguée par l’épithète de nationale, qu’aucun prêtre, ou presque aucun, ne justifiait, ses prêtres étant des immigrés. Seul, l’appui de l’Etat la faisait vivre ; seul, le maintien de son union avec l’Etat donnait à cette Église, dans les communes mêmes où elle devait garder quelques fidèles, des chances de vie. En face d’elle, la confession romaine, celle à laquelle étaient demeurés attachés presque tous les