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Des essais de justification impossible aboutissent à des demi-aveux. Le 26 novembre 1915, la Gazette publie ces lignes :


L’abbé Wetterlé, qui a trahi son pays, a écrit un article extrêmement haineux où il affirme qu’à Berlin on vend le butin de guerre ! Dans cet article, il est reproché à l’armée allemande de voler et de vendre ensuite publiquement les objets volés. L’enquête ouverte immédiatement sur cette affaire a donné le résultat suivant.

Lors de l’avance des armées allemandes en France, il fallut vider des centaines de wagons de marchandises qu’on trouva sur le réseau des chemins de fer du Nord de la France. Il en fut de même dans les grandes gares, dépôts de marchandises, etc. C’est ainsi que de grandes quantités de marchandises s’amassèrent, qui furent mises en sûreté par l’administration militaire, mais dont les propriétaires étaient souvent inconnus. Ces marchandises ne pouvant ni être conservées longtemps, ni être exposées aux péripéties de la guerre, elles furent vendues pour le compte des propriétaires ( ! ).Le produit de la vente reste à la disposition de ceux qui pourront, tôt ou tard, établir leurs droits sur les marchandises vendues.

Un intermédiaire qui, de cette manière, avait acheté du fil de coton français et l’avait revendu à la Société A. Wertheim, G. m. b. H., a collé, — probablement pour faire de la réclame, — sur les paquets des papiers portant l’inscription « butin de guerre. » Le coton a été ainsi vendu pendant plusieurs jours chez Wertheim. La direction en ayant eu connaissance, les papiers furent immédiatement enlevés.

La presse française aura-t-elle l’honnêteté de publier la présente mise au point ?


Autre document tout aussi explicite. Un soi-disant « Français habitant Saint-Quentin » adresse, le 9 janvier 1916, une « Correspondance » à la Gazette des Ardennes, et il explique :


Dans les usines inoccupées, le matériel a été réquisitionné et emporté où les besoins de l’armée allemande se faisaient sentir. On criera au pillage, mais reconnaissons que c’est là un droit du vainqueur et posons-nous une seule question : « Si nous étions entrés en Allemagne, qu’aurions-nous fait des usines ? » Que la réponse des grands journaux chauvins serait intéressante à connaître ! et gageons qu’elle serait en tous points semblable à celle des renards de la fable.


Mais voici une autre explication, plus hypocrite, plus