demain devant la France, si elle veut vivre, et si sa victoire doit être autre chose pour elle qu’un linceul éclatant. Et si nous osons poser ici ce problème avec autant de crudité, ce n’est point dans un esprit de pessimisme, c’est au contraire parce qu’il n’en est point de plus facilement, de plus heureusement résoluble, si on veut qu’il soit résolu. Mais pour vouloir, il faut d’abord savoir, savoir ce qu’on veut et pourquoi on le veut.
Encore quelques chiffres démonstratifs. Si nous considérons les statistiques de mortalité de France, des États-Unis et de Grande-Bretagne (pour ne point parler de l’Allemagne où la lutte anti-tuberculeuse était d’ailleurs très avancée avant la guerre), voici ce que nous constatons pour les années précédant immédiatement la conflagration présente.
En France, la mortalité tuberculeuse moyenne était de 2,22 pour 10000 habitants en 1906 et elle est passée à 2,15 en 1913, mais la courbe suit des fluctuations diverses, montrant que cette légère diminution ne correspond pas à une marche particulière de cette courbe puisqu’en 1909, 1910, 1911, 1912 les chiffres sont respectivement : 21, 13 ; 21, 16 ; 21, 11 ; 21, 15.
En Angleterre, la mortalité tuberculeuse pour 10 000 était en 1906 de 1,65 et elle est passée en 1913 à 1,35 en descendant d’un mouvement continu, c’est-à-dire qu’elle a diminué de 20 pour 100. La diminution a été à peu près du même ordre aux États-Unis où cette mortalité est passée dans une marche régulièrement descendante de 1,80 en 1906 à 1,48 en 1913. Ce que représentent dans la vie d’un grand pays ces quelques centièmes en plus ou en moins, ces modestes décimales en apparence si peu importantes, on peut le calculer en multipliant par ces différences la population des États-Unis : on verra alors combien de centaines de milliers d’existences précieuses conservées à leur patrie cela signifie.
En extrapolant la courbe, comme disent les géomètres, c’est-à-dire en prolongeant par la pensée sa direction et sa pente supposées constantes, on peut calculer que, d’ici environ quinze ans, la mortalité par tuberculose sera aux États-Unis environ la moitié seulement de ce qu’elle était en 1906. Un quart de siècle seulement aura suffi à produire ce résultat magnifique.
Des chiffres précédents il résulte avec évidence, d’abord que la tuberculose tue beaucoup plus de gens en France qu’aux États Unis et en Angleterre, bien que notre climat soit beaucoup plus sain et modéré que le leur, ce qui devrait produire le résultat contraire. Pendant