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géographiques qui peuvent n’être pas sans importance, mais qui, en regard du but cherché, n’ont qu’une médiocre valeur.

Tout de même, la poursuite pendant plusieurs mois d’une lutte aussi meurtrière n’était pas sans répondre à un dessein plus important. Une première éventualité se posait à l’esprit du commandement. Il pouvait supposer que l’ennemi manquerait un jour de réserves pour alimenter la bataille et, pour se créer des disponibilités, raccourcirait son front. C’est pour faciliter cette solution que la politique militaire de l’Entente essaya d’obtenir des offensives simultanées des Alliés russe et italien. On sait comment l’Allemagne, par un large jeu de rocade, transporta à plusieurs reprises ses forces de l’Est vers l’Ouest et vice versa.

En réalité, les secteurs tranquilles d’un même front constituaient les-meilleurs réservoirs de troupes. Chacun des belligérants organisait un roulement de divisions, au profit du seul foyer d’attaque, tandis que le calme absolu régnait sur les neuf dixièmes du front, où venaient se remettre de leurs fatigues et se recompléler avec les ressources des dépôts, les divisions éprouvées. C’est ainsi que certaines unités participèrent trois et quatre fois, à des intervalles variables, à la bataille engagée. Il eût fallu posséder un énorme matériel et une supériorité d’effectifs considérable pour créer à la fois sur le seul terrain occidental deux foyers d’action simultanés. Mais aucun des belligérants n’a jamais été en mesure d’y satisfaire. Aucun d’eux n’a pu produire la quantité de munitions nécessaire pour mener à bien cette entreprise. Et cette seule raison a suffi à la rendre impossible.


LES PRÉLIMINAIRES DE LA CAMPAGNE DE 1917. — LE REPLI HINDENBURG ET L’OFFENSIVE D’AVRIL

La bataille de la Somme, quoiqu’elle n’eût pas produit comme bataille de rupture ce qu’on aurait souhaité, ne mit pas en cause la méthode employée. Les résultats obtenus confirmaient que le système de pilonnage des positions adverses était le moyen de supprimer l’obstacle de la fortification. Mais l’ennemi, à chaque tentative de percée, augmentait la valeur défensive de son front. C’est ainsi qu’après l’Artois, il avait accru le nombre et la solidité de ses positions successives ; de même après la Champagne, L’abri