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600 tonnes a été préconisée dans une série d’études récentes, parmi lesquelles je me bornerai à mentionner un rapport de M. Imbeaux. Ce type de 600 tonnes est celui que l’Allemagne veut adopter dans le vaste réseau qu’elle projette pour utiliser davantage et relier ses grands fleuves : Rhin, Elbe, Oder, Vistule, Weser, Memel et Danube. L’Italie pense également à l’employer pour sa grande voie de Milan à Venise. Aux Etats-Unis, le Barge-Canal-System, entre le lac Erié et le fleuve Hudson, est même conçu pour des bateaux de 2 000 tonnes. Mais il est évident qu’une telle solution dépend absolument du trafic à attendre et des conditions où ce trafic se présente. En France, notre région industrielle du Nord-Est et du Nord-Sud est, pour le tonnage des matières à transporter, la seule (indépendamment des fleuves déjà, étudiés) où l’on puisse concevoir un tel réseau de grande navigation. Dans cette région, un ouvrage important était en cours au moment de la guerre, le canal du Nord, qui a joué un certain rôle dans les hostilités. Ce canal, aux frais duquel les mines du Pas-de-Calais avaient contribué, devait relier les canaux du Nord, par Arleux, avec l’Oise canalisée et Conflans, en amenant la houille à Paris, et on y prévoyait un péage de 6 millimes par tonne kilométrique.

Le canal du Nord-Est, dont il a été beaucoup question, est le principal élément prévu d’un tel réseau. Les mineurs et les métallurgistes, qui doivent surtout l’utiliser, ne lui sont pas, en majorité, favorables. Son but serait surtout d’amener, dans nos usines du Nord et en Angleterre, nos minerais lorrains, tout en conduisant les cokes aux usines de l’Est. C’est une voie parallèle à la frontière, dont l’intérêt serait de réduire notre dépendance à l’égard de la Westphalie. Son tracé partirait de Pierrepont, près Longuyon, pour gagner Rémilly et Denain, à 258 kilomètres, où il rejoindrait les canaux du Nord conduisant à Dunkerque ou à Isbergues. On devrait également le raccorder avec les Pays-Bas et la Prusse rhénane. Ses adversaires lui objectent les dépenses qu’il exigerait : les relations avec Dunkerque pouvant être réalisées plus économiquement par voie ferrée. M. Lebrun a proposé de chercher la solution des communications désirées entre la Lorraine et l’Angleterre par une amélioration des voies d’eau vers la Moselle et la Meuse pour atteindre le Rhin et Anvers : ce qui a, d’autre part, l’inconvénient d’emprunter le territoire étranger. La question