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ou les encombrements consécutifs entraînent des répercussions indéfinies. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir combien une légère amélioration de la discipline et un choix plus attentif, ou plus libre, du personnel permettent un meilleur rendement du matériel : combien, au contraire, celui-ci fait immédiatement défaut dès que les décisions à prendre se trouvent livrées à des incompétences bien intentionnées, si intelligentes qu’on les suppose.

J’ai fait allusion en commençant à des problèmes nouveaux. Il est inutile de rappeler que, dans une vaste région, toutes les destructions seront à réparer. Les installations de fortune organisées par le génie militaire devront être remplacées par des constructions définitives. La récupération de l’Alsace-Lorraine peut nous amener aussi à compléter un réseau de pénétration qui, pendant un demi-siècle, avait été organisé en sons inverse, vers l’Allemagne, avec coupure à la frontière, mais qui se trouve amorcé par les voies stratégiques.

Enfin, on peut espérer, sans en être encore bien certain, que l’expérience de la guerre aura levé les scrupules anglais pour la construction du tunnel sous la Manche. Il y a longtemps que les études techniques sont terminées et que les plans sont dressés. La dépense prévue d’environ 400 millions n’est pas de nature à arrêter. L’opposition sentimentale qui a été faite à ce plan parait difficile à comprendre pour un Français. Les avantages économiques s’ajoutent aux bénéfices militaires : facilités de ravitaillement en dépit de toute guerre sous-marine ; accélération considérable des transports de troupes au cas d’une nouvelle poussée allemande sur Anvers et Calais. Pouvant être désormais bloquée par les sous-mains, bombardée depuis le continent, envahie par des flottes d’avions, la Grande-Bretagne n’a plus que des inconvénients à vouloir conserver les apparences d’une île. Il n’est même pas exact que la (lotie marchande anglaise, si réduite, doive en pâtir pour ses transports, dont une catégorie importante continuera à préférer te transport par mer plus économique.

Dans le même ordre d’idées, on sait les controverses auxquelles a donné lieu le projet de percée du Mont-Blanc. Les tunnels trans-pyrénéens sont, au contraire, presque achevés.

Si on laisse de côté le tunnel sous la Manche, qui peut trouver sa rémunération directe en lui-même, tous les progrès