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avec des palliatifs n’est qu’un moyen de léguer la dépense fortement accrue à nos successeurs.

Surtout pour l’accès de Paris et, plus généralement, des grandes villes, les augmentations de frais qu’entraînera un jour l’exécution, devenue forcée, des travaux nécessaires, seront considérables et l’on appréciera alors en millions l’inconvénient d’avoir vécu au jour le jour, alors qu’une industrie comme celle des chemins fer devrait prévoir les développements d’un demi-siècle. Cette observation reste, d’ailleurs, assez platonique, étant données la situation actuelle des Compagnies et la complication des contrats passés par l’Etat avec elles. On peut seulement s’étonner qu’à la faveur de la guerre, on n’ait pas réalisé toutes les modifications, dont l’intérêt militaire était incontestable et qu’on se soit borné souvent à laisser les trains s’accumuler les uns derrière les autres, ou même se prendre en écharpe.

Les embranchements industriels, les raccordements des voies ferrées avec les canaux, donnent lieu à des critiques analogues. L’état de nos gares, malgré quelques travaux de guerre localisés dans la zone des armées, apparaît de plus en plus humiliant, autant pour l’ampleur des quais et le développement des voies que pour les facilités de manutention (sans parler bien entendu de la propreté, de l’ordre et de l’exactitude). On peut cependant signaler, comme un progrès récent, les installations faites par ou pour nos Alliés américains. Je ne parle pas de tous les romans qui ont été mis en circulation sur les lignes spéciales-et directes qu’ils auraient exécutées pour relier leurs ports de débarquement au front, mais d’installations plus modestes qui consistent surtout en renforcement des voies existantes desservant leurs ports de débarquement sur l’Atlantique ou même sur la Méditerranée, et en voies latérales ou embranchements, en raccordements directs, en gares, en magasins édifiés avec une remarquable rapidité. Il s’agit, en effet, d’évacuer 75 000 tonnes d’arrivages journaliers, qui pourront monter a 100 ou 120 000 tonnes en mai 1919 : soit plus de 200 trains par jour. On s’est également occupé d’améliorer les communications entre la France et l’Italie. Enfin, nous rapprocherons incidemment de ces travaux utiles quelques lignes construites dans le voisinage du front pour un usage momentané et qui, par exception, rendront peut-être des services plus tard.

Le matériel roulant nous a manqué depuis le