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Toutes les armées allemandes victorieuses en France, s’exprime en ces termes : « L’armée du général von Bülow a battu complètement, près de Saint-Quentin, une armée française, supérieure en nombre. » — C’est tout. Rien que des victoires et des victoires complètes !

La presse allemande interprète ces lignes avec sa jactance ordinaire. Un des tracts les plus répandus en Allemagne, l’Etreinte de Fendrich, résumait toute la campagne en ces termes simples :


Le général French, qui avait établi son Quartier Général à Saint-Quentin, vit les Allemands approcher par une tout autre direction que celle où il les attendait (c’est la théorie, mais déjà un peu voilée, du mouvement tournant). Dans les sanglants combats entre Péronne et Vervins, à l’Ouest et à l’Est de Saint-Quentin, l’infanterie anglaise fit connaissance avec la fureur allemande… Parmi toutes les nouvelles de victoires, aucune n’a causé plus de joie en Allemagne que l’accueil préparé par nos soldats aux souverains de l’île orgueilleuse. Et quand, trois jours après, l’armée de Bülow redoublait à Saint-Quentin, sur les Français, ce que Klück avait commencé sur les Anglais, les cris de joie retentirent dans les rues des villes allemandes…


Le colonel Feyler dit, à ce propos, dans son chapitre sur la Manœuvre morale : « Après la lecture de ces textes, on peut se rendre compte de l’état d’esprit qui doit régner dans l’Empire : ils témoignent d’une telle assurance, ils sont remplis de tant de détails ingénieux, de façon à faire impression, que la victoire finale ne peut faire doute pour personne. Mieux que cela, elle est acquise. Relisez, par exemple, la brève description de la poursuite dans la première dépêche du 4 septembre : « Nous ne connaissons que lentement la valeur du butin des armées. Les troupes dans leur marche en avant si rapide ne peuvent s’en préoccuper beaucoup… » Il y en a trop, de ce butin. Le général, de Bülow n’a-t-il pas, à lui seul, enlevé 643 voitures de guerre, canons et mitrailleuses ? Et le compte n’est pas complet ; il date du 31 août. Les troupes des étapes le compléteront peu à peu[1]… »

Ces communiqués sont bons à rapprocher des exposés qui, après quatre ans, sont encore ceux du grand Etat-major -

  1. Avant-propos stratégiques, p. 33.