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pluviôse, puis le 13 germinal, le Comité informa le district de Strasbourg d’avoir à surseoir à cette vente[1].

Enfin, le 24 thermidor an III (août 1795), Frédéric de Dietrich fut admis aux honneurs de la séance de la Convention. Il déposa une pétition pour obtenir la radiation du nom de son père de la liste des émigrés. Il était soutenu, en cette circonstance, par Jean Debry et le Président lui adressa cette harangue empreinte de la sensibilité du temps : « La postérité versera des larmes sur les victimes de la tyrannie, lorsqu’elle aura oublié jusqu’aux noms de leurs farouches persécuteurs. La plus douce satisfaction de la Convention Nationale est de réparer les malheurs dont l’anarchie a couvert la France. Elle accueille surtout avec un intérêt bien vif ceux qui, loin de tourner les forfaits du terrorisme au profit de la Royauté, savent combattre invariablement à toutes les époques pour la cause de la République. C’est à ceux qui ont été plus particulièrement l’objet des fureurs anarchiques, à ceux qui ont repoussé avec un généreux dévouement les séditieux de Prairial, qu’il appartient de se prononcer avec une égale énergie contre les promoteurs d’une réaction qui rouvrirait les plaies de la patrie affligée. La Convention se fera rendre compte de la pétition qu’elle vient d’entendre ; elle invite le pétitionnaire à sa séance. » Dietrich avait juré de répandre pour la défense de la République la dernière goutte de son sang, se conformant ainsi aux suprêmes recommandations de son père. « Le malheur, disait-il, s’est appesanti sur nous et nous a donné des droits à votre justice. Je la réclame avec confiance. Vous ne pouvez me rendre un père immolé à la fureur de ses propres tyrans, mais vous pouvez venger sa mémoire d’une inculpation aussi absurde qu’odieuse. » Le fils de Dietrich rappelait que son père était venu spontanément se constituer prisonnier et réclamer des juges, se liant à l’équité de la Convention et à la loyauté du peuple français. Il demandait donc, avec confiance, la radiation du nom de son père de la liste des émigrés et la rentrée de ses enfants dans ses biens légitimes : « Mes frères et moi, nous resterons attachés à la cause de la Liberté. Le sang d’un père est là qui l’ordonne. »

Les membres du Comité de Législation, Durand de Maillane, David de l’Aube, Vigneron, Pons de Verdun et Rouvet, émirent

  1. Archives Nationales, F7 5198.