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que la France les reprenait dans son sein maternel et les assurait loyalement de son respect pour leurs traditions et leurs croyances. Que cette promesse solennelle, que ce serment soient fidèlement respectés, car si l’Alsace est républicaine depuis bien longtemps, elle l’est avec la conviction qu’on la laissera libre d’exercer publiquement sa foi et ses traditions solennelles et qu’on ne troublera, par aucun décret imprudent ni par aucune loi inique, l’exercice du culte et la pratique de ses coutumes !

Que l’exemple du passé, que l’Histoire et ses leçons servent enfin à quelque chose ! Dans des réunions où s’étaient assemblés des Alsaciens notables, j’ai eu l’occasion plus d’une fois de rappeler ces faits et de redire que nous comptions entièrement sur les promesses que nos compatriotes avaient été heureux d’enregistrer. L’Alsace, qui a été fidèle à ses engagements pendant près d’un demi-siècle et les tiendra toujours, exige une pareille réciprocité. Elle est aussi respectueuse des idées et croyances d’autrui que des siennes. Elle n’entend pas qu’on persécute les catholiques, ni les protestants, ni les juifs. Elle désire un régime de liberté et d’équité qui a toujours été l’objet de ses désirs et pour elle-même une réalité. Elle repousserait avec énergie ceux qui voudraient, sur un mot d’ordre néfaste parti de milieux sectaires et impolitiques, la conduire en dehors de ses voies libérales et modérées. Elle veut être libre. C’est le fond de son caractère. Je dirai même que c’est sa physionomie originale et sa personnalité propre.

En 1791, on ne le comprenait malheureusement pas, et Dietrich, quoique apôtre d’une sage tolérance, crut devoir subir les exigences que lui dictaient ses fonctions, qui lui avaient été renouvelées par l’élection du \ï novembre 1791, et suivre les instructions des commissaires de l’Assemblée.

Ce qui le préoccupait encore, c’étaient les opérations projetées par l’armée de Condé qui voulait passer le Rhin à Marckolsheim et à Rhinau pour entrer en France, ou déboucher par le Val des Marches en Lorraine. L’agitation, déjà grande à Strasbourg, s’accentua par ces menaces, puis par la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes. Il fallut remplacer le général de Klinglin par le général Gelb, appeler le maréchal de Luckner au commandement de l’armée du Rhin, armer la garde nationale, susciter des volontaires, refaire une partie des fortifications, approvisionner la ville, prendre enfin toutes les