Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/946

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins analogues (je n’en puis discuter ici les avantages et inconvénients respectifs, et je dois dire d’ailleurs qu’ils me paraissent à peu près équivalents) fournissent de bonnes solutions du problème.

Je préfère, — car ceci n’apprendra rien à l’ennemi que nous ne sachions par lui, — donner ici quelques détails sur la manière dont les Allemands ont, pour ce qui les concerne, résolu la question du canon d’accompagnement.

L’engin adopté par eux est un petit « minenwerfer, » — un petit « minen » comme disent les techniciens, en vertu de leur faculté d’abréviation qu’il serait souhaitable de pouvoir appliquer à la guerre elle-même, — du calibre de 75 millimètres, comme notre pièce de campagne. On peut en voir les anciens modèles dans la cour des Invalides. C’est un petit canon rayé, lançant des projectiles à ceinture préparée, chargé par la gueule, muni de freins hydrauliques et de récupérateurs à ressorts. L’ensemble est monté sur une petite plate-forme circulaire et très inclinée, portée sur un petit chariot à deux roues basses. Le tout pèse environ 145 kilogs. Ce M. W. (encore une abréviation très usitée) tel qu’on le voit aux Invalides, ne peut faire du tir tendu.

Postérieurement modifié, sous l’appellation de L. M. W. N. A. (leichter minenwerfer neuer art = M. W. léger nouveau modèle), cet engin envoie jusqu’à une portée de 1 300 mètres environ des projectiles de 4 à 5 kilogs chargés d’explosifs ou de gaz. Les premiers ont à peu près la même efficacité que le projectile du canon de campagne, mais ils ne possèdent pas ses effets de pénétration à cause de la vitesse initiale moindre. Peu efficaces contre les obstacles sérieux, ils le sont surtout contre le personnel.

Ces engins, tels qu’on les voit aux Invalides, étaient destinés au tir courbe (évidemment le plus important, puisque généralement la troupe se place derrière quelque couvert) et leur plate-forme ne permettait pas de leur donner une inclinaison intérieure à 45°. En vue de les adapter au tir tendu et spécialement afin de leur permettre de tirer contre nos tanks, ces M. W. ont été récemment munis d’un affût spécial permettant à volonté et presque instantanément de faire passer l’engin du tir courbe au tir tendu et réciproquement. Nous en avons eu un exemplaire sous les yeux : le dispositif est rustique et ingénieux, mais il pèse environ 25 kilogs, ce qui porte à environ 170 kilogs le poids du M. W.

Par ce moyen les Allemands disposent dans le même engin à la fois d’un obusier et d’un canon à tir tendu, contre-partie de