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immédiatement s’il visait le fjord de Kola ou celui de Petschen, qui encadrent la presqu’île. On a su, depuis, que cette faible troupe se dirigeait sur Petschenga, probablement parce que ce petit port n’était pas occupé par les Alliés, ni, sans doute, le fjord de Petschen fréquenté par leurs bâtiments de guerre, tandis qu’à Kola, on était assuré de se heurter à une résistance sérieuse.

D’ailleurs, il semble que ce que l’on voulait tout d’abord, c’était tendre la main aux sous-marins allemands qui opéraient dans l’Arctique et sur toute la côte qui va du fjord de Petschen au petit golfe de Swjalonosk, interceptant notre route de navigation et molestant les pêcheurs mourmans pour les bien persuader d’avance de la puissance du Deutschtum.

On ne sait au juste, au moment où j’écris, ce qu’il est advenu de cette expédition aventureuse et qui empruntait la région la plus difficile, la plus désolée du Lappland russe. Il ne parait pas que les Germano-Finlandais aient atteint leur but en occupant Petschenga[1].

En tout cas il est de moins en moins probable qu’ils réussissent à occuper Kem, qui était leur second objectif. La distance à franchir est cependant bien moindre et les difficultés matérielles, — toujours considérables dans un tel pays, — ni plus, ni moins fortes que dans le cas de l’expédition sur Petschenga. Mais déjà les Alliés sont en force sur le Tuloma et ils ne tarderont pas trop, sans doute, à descendre vers le Sud en suivant le chemin de fer. Ils seront à Kandalakcha avant que les Germano-Finlandais aient pu organiser la base Pulisjarvi (à 6 kilomètres au Sud-Est de Nurmès) qui leur permettait d’utiliser la remarquable voie d’eau continue lac de Pulis-la Penga et ses lacs-la Tchirska Kem ou Kcei jök, aboutissant à Kem même après un parcours de 290 kilomètres à vol d’oiseau, mais de 400 ou 450 environ si l’on tient compte des détours.

Aux facilités que leur donnerait ce chemin naturel, ce « chemin qui marche », lentement à la vérité, en raison de la faiblesse de la pente, nos adversaires ajouteront-ils celles qu’ils trouveraient dans la création rapide d’une voie ferrée « de fortune » poussant ses rails à peu près aussi vite que marcheraient

  1. Un grand journal de Christinnia annonce, à la date du 26 juillet, que 500 Allemands seraient à Kyrö, au Sud du lac Enare et qu’ils auraient détaché un avant-poste sur la rive orientale du Paatswick, à 70 ou 80 kilomètres de Petschenga.