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PLAIDOYERS ALLEMANDS

Les historiens de l’avenir nous diront sans doute un jour combien de millions, — et peut-être de milliards, — les Allemands ont consacrés à leur service de propagande auprès des neutres pendant la guerre. Soyons convaincus que les révélations à cet égard nous viendront des Allemands eux-mêmes. Germanus animal scribax, a dit l’un d’eux : l’Allemand est un animal écrivassier. Qu’il s’appelle Lichnowsky, Muehlon, — ou de tout autre nom, — il finit par tout dire ou tout écrire. Il faut qu’il prenne le monde à témoin de ses idées les plus secrètes, de ses sentiments les plus intimes. À bien plus forte raison, quand il s’agit d’une « organisation » aussi « colossale, » aussi parfaite en son genre que le service allemand d’espionnage et de propagande, il ne pourra se tenir de nous en dévoiler les beautés et de nous manifester sa fierté.

En attendant, il n’est peut-être pas sans intérêt, ni sans utilité, de signaler quelques-uns des procédés auxquels a recours l’active Allemagne pour répandre parmi les neutres « la vérité allemande, » et pour retourner en sa faveur une opinion publique qui, de jour en jour, elle le sent, lui devient de plus en plus sévère. J’ai là sous les yeux, rassemblées pour moi par une main amicale, un certain nombre de brochures françaises, — je veux dire rédigée en français, — les unes anonymes, les autres signées, et qui sont abondamment répandues en Suisse par des agents allemands ou au service de l’Allemagne. Ces brochures, fort bien imprimées, sur d’excellent papier, très agréablement présentées, parfois accompagnées de