À gauche des armées françaises, la 6e armée (Maunoury) restait, depuis le soir du 9 septembre, maîtresse du champ de bataille de l’Ourcq ; Klück, en pleine retraite, se repliait vers le Nord-Est ; la 6e armée, ayant reçu mission de gagner le Nord en appuyant sa droite à l’Ourcq, était déjà amenée à obliquer un peu vers l’Est avec la rivière : « aller vers le Nord, » pour les vainqueurs d’entre Meaux et Senlis, c’était marcher droit sur Compiègne, la gauche sur Clermont, la droite tout au plus sur Vic-sur-Aisne : dès l’abord, le champ de bataille en eût été singulièrement élargi, et Klück débordé sur sa droite. Précédée du corps de cavalerie Bridoux, la 6e armée s’orientait cependant dans la direction Compiègne-Soissons : le 11, elle portait ses avant-gardes sur Pierrefonds-Chaudun ; mais le Haut Commandement, dans la pensée que l’on sait, donnait l’ordre au 13e corps, prélevé sur la 1re armée (des Vosges), de venir renforcer et allonger la gauche de l’armée Maunoury. Le 12, le quartier général de celui-ci était à Villers-Cotterets : ses troupes commençaient à rencontrer une résistance assez sérieuse « appuyée par des obusiers lourds ; » c’étaient, de la gauche à la droite, le 7e corps (Vauthier), le 6e groupe de divisions de réserve (Ebener), le 4e corps (Boelle), le 5e groupe (de Lamaze).
Déjà, la gauche tentant de franchir l’Oise à Verberie, la droite, — le groupe Lamaze, — bordait. l’Aisne, assurant la liaison de l’armée avec les Anglais. Mais les troupes étant fatiguées, Maunoury demandait un jour de repos. D’autre part, le commandant de la 6e armée, se rendant compte qu’il était, pour la mission qui lui était confiée, tiré trop à droite, demandait lui-même à « désaxer » sa direction « pour la porter plus à l’Ouest, de manière à déborder franchement la droite ennemie qui semblait être à Saint-Just. » Il lui semblait que « les Anglais, en confiance avec nous, ne craignaient plus que nous les livrions à eux-mêmes. » À dix-neuf heures, le front atteint par la 6e armée était sur le plateau occidental entre Aisne et Oise, vers Tracy-le-Mont, Moulin-sous-Touvent, Vingré, Nouvion, et sur les bords de l’Aisne, de Fontenoy à Soissons. Le groupe de Lamaze trouvant les ponts détruits, la 55e division s’installait à Soissons ; la 45e, extrême droite de Maunoury,