Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un plan horizontal, » qui peut avoir lieu, soit entre fabricants juxtaposés d’un même produit, soit, plus rarement, entre fabricants d’une même région ou d’un même pays. Mais il existe aussi « l’association verticale, » dont nous dirons quelques mots en terminant : association destinée à coordonner la série d’efforts successifs allant depuis la matière première jusqu’à l’objet fini et à unir les divers industriels dont le travail se superpose. La première association est plus commerciale, la seconde plus industrielle.

L’association « horizontale » entre fabricants d’un même produit peut elle-même prendre plusieurs formes. En Amérique, ce sera le trust ; en Allemagne, le cartel ; en France, le comptoir de vente. Le trust a de grands défauts, qui lui ont attiré de violentes hostilités. Il groupe, sous un comité de direction unique et omnipotent, la direction de toutes les usines, leur enlève toute individualité et toute initiative, ferme les unes et développe les autres, achète une invention pour éviter qu’elle soit utilisée et nécessite ainsi une réfection du matériel, fait à l’occasion des coups de bourse pour traquer les vendeurs à découvert et réaliser la hausse, confine en résumé, dans la mesure où ce danger peut devenir réel aujourd’hui, à l’accaparement. Le « comptoir » ménage beaucoup plus les intérêts du consommateur et la liberté du fabricant. S’il s’agit de vente, il est un accord conclu entre certains producteurs d’une même marchandise, en vertu duquel chacun d’eux s’engage à ne la vendre que par l’intermédiaire d’un vendeur unique, appelé comptoir ; c’est alors une société anonyme de vendeurs, qui ne limite pas en droit la production des usines, mais qui, en fait, la met en équilibre avec la consommation qu’elle centralise et qu’elle vise à accroître, en attribuant à chacun une part proportionnelle dans ses ventes. Au lieu de vendre, le comptoir peut se charger d’acheter en commun. Au lieu de se borner au marché intérieur, il peut organiser l’exportation, en provoquant la spécialisation de certaines usines, et c’est alors surtout qu’il nous intéresse. On peut même constituer des comptoirs de recherches scientifiques à frais communs, ou au bénéfice du payeur, sous le nom de laboratoires centraux. Des combinaisons multiples se présentent à l’esprit et, dans la plupart des cas, elles semblent avantageuses pour économiser du temps, des forces et de l’argent. C’est ainsi que le comptoir réduit les