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REVUE DRAMATIQUE


L’ECOLE DES FEMMES à la Comédie-Française


La Comédie-Française, pour les débuts des récents lauréats du Conservatoire, nous a conviés trois fois pendant cette semaine du de juillet, que d’autres événements devaient faire entrer dans Histoire. Le premier soir, Mlle Lagrange débutait dans l’École des Femmes, où elle joua le rôle d’Agnès avec toutes les grâces dont on l’entoure aujourd’hui, — à grand tort, comme j’essaierai de le montrer. Puis ce fut M. Escande, un Hippolyte élégant et tendre : peu de force, un geste emprunté, mais de l’intelligence et de la distinction, et même de la chaleur et de la sensibilité vraie dans la déclaration à Aricie. Enfin M, le Roseraie a joué le rôle de Frosine avec correction, mais sans ombre de cette vulgarité puissante qui nous avait frappés dans ses scènes de concours et qui s’est évanouie comme un rêve.

Nous retrouverons ces jeunes gens dans des épreuves plus significatives. Ce que je retiens de cette triple visite à la maison de Molière, c’est d’abord que M. de Féraudy est un merveilleux Harpagon, un de ceux qui auront marqué le personnage de leur empreinte. La trouvaille est d’avoir rendu sensible l’obsession qui isolé en quelque sorte l’Avare de tout ce qui l’entoure et tient sa pensé » ; comme absente : on n’oublie plus cette tremblante silhouette de vieillard soupçonneux que possède une perpétuelle inquiétude… Et maintenant je voudrais dire un mot de la façon dont on interprète l’Ecole des Femmes à la Comédie Française et qui me paraît en contradiction à peu près formelle avec le texte.

On a fait maintes fois cette remarque, que les chefs-d’œuvre