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actuellement en notre pouvoir. On sait que le manque de corps gras est un de ceux qui se sont le plus fait sentir en Allemagne et qui ont exercé l’action la plus efficace, non seulement sur l’alimentation (ration tombée de 100 grammes à 30 par jour"), mais encore sur l’industrie et sur les transports.

En temps normal, l’Allemagne produisait 1 135 000 tonnes de corps gras, dont 710 000 d’huiles et graisses animales, 400 000 de beurre et 25 000 d’huiles et graisses provenant des graines récoltées dans le pays. Elle importait, en outre, environ un million de tonnes d’huiles et graisses de toute nature, dont plus de moitié sous la forme de graines oléagineuses : 1 721 000 tonnes de graines fournissant 571 000 tonnes d’huile, dont la valeur représentait 668 millions de francs, en 1913. Ces graines et ces fruits laissaient, dans le pays, pour les usages agricoles, 1 153 000 tonnes de tourteaux.

Parmi ces graines, 500 000 tonnes de graines de fin venaient surtout de l’Argentine et des Indes ; 236 000 tonnes de noix de palme (94 000 tonnes d’huile) étaient originaires des colonies allemandes ; 220 000 tonnes de graines de colon (44 000 tonnes d’huile) étaient tirées de l’Egypte et des États-Unis. Au total, les Alliés fournissaient un peu [dus de moitié. de ces importations, et la possession des mers leur permet de contrôler à peu près tout le reste.

L’Allemagne importait, en outre, des quantités croissantes de graisses et d’huiles animales : 317 000 tonnes valant 318 millions, dont 51 pour 100 venaient des Alliés, 30 pour 100 du Danemark et de la Hollande, 10 pour 100 de Russie.

Ici, il s’agit surtout de gêner la consommation intérieure, plutôt que d’empêcher un commerce d’exportation, quoique l’Allemagne exportât pour- 82 millions d’huiles diverses (noix de palme, coprah, sésame, arachide). Le manque de tourteaux comme engrais et surtout comme aliment pour le bétail se ferait vivement sentir. L’Allemagne produisait seulement 60 000 tonnes de tourteaux indigènes ; elle en obtenait 1 153 000 par le traitement des produits oléagineux et elle en importait 828 000, dont 340 000 venant des Alliés et 320 000 de Russie, et n’en réexportait que 294 000.

Depuis la guerre, on a essayé, en Allemagne, d’augmenter la production indigène. L’huile végétale a pu passer de 20 à 60 000 tonnes (sur un total de 619 000 tonnes). On a retiré les