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telles mesures, sans compter les cueillettes de l’Afrique centrale ou de l’Amérique du Sud.

Si l’on examine les chiffres de production actuels, le bloc des Alliés a une prépondérance évidente. Les plantations déjà fructueuses, dont la part contributive s’accroît de jour en jour, sont surtout dans la Malaisie britannique, qui a déjà atteint 100 000 tonnes en 1916 et qui montera, dans quelque temps, à 180 000 tonnes. Le marché neutre comprend seulement : 12 000 tonnes pour la Bolivie, l’Equateur, le Mexique, le Pérou, le Venezuela ; 16 000 tonnes (clii lires de 1016) pour Java et Sumatra. Quand même les Allemands réussiraient à s’en réserver une forte proportion, ils seraient loin d’être fournis. Pour leurs anciennes colonies africaines, malgré ce que peuvent dire les pangermanistes sur les vastes « possibilités » de l’Afrique centrale, elles leur fournissaient tout au plus 3 000 tonnes.

La consommation, d’autre part, a doublé, depuis 1900, dans les grands pays européens et a suivi une marche encore plus rapide aux Etats-Unis. En 1916, on a atteint environ 154 000 tonnes, non compris les Centraux, dont 80 000 aux États-Unis, 25 000 en Angleterre, 12 000 en France, 8 000 en Italie. Les besoins des Alliés ne paraissent pas devoir être très difficiles à servir ; car les stocks s’accumulent, en ce moment, faute de fret, chez les producteurs. Il pourra en être autrement pour les Centraux, qui absorbaient déjà, en laissant de côté leurs exportations, environ 20 000 tonnes, et qui, avec les stocks à reconstituer, auront besoin de 40 000 tonnes après la guerre.

Ces besoins de l’Allemagne sont faciles à comprendre. Avant la guerre, ce pays possédait déjà 92 000 automobiles. La guerre a dépensé beaucoup de caoutchouc pour les fabriques de dynamite, les bottes et couvertures de tranchées, les masques contre les gaz, les services de chirurgie, l’aviation, l’électricité, etc. Les besoins de paix sont restés sans satisfaction depuis quatre ans. L’efficacité de notre blocus sur ce point est prouvée par le Seul fait que le sous-marin Deutschland, à son second voyage, a choisi, comme cargaison, du caoutchouc. Le manque persistant de caoutchouc ruinerait, en outre, une industrie qui occupait 40 000 personnes et qui travaillait beaucoup pour l’exportation (160 millions d’ouvrages en caoutchouc, 27 de caoutchouc brut, 15 de tissus caoutchoutés, 4 de gutta-percha et de