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Ils ont opéré de même en Australie, en Nouvelle-Zélande et jusqu’en Suisse, entreposant la laine sous de faux noms jusqu’à la conclusion de la guerre. C’est un des très nombreux cas où l’on peut voir l’importance que présentera, pour notre cause, l’orientation plus ou moins favorable des pays encore divisés et partiellement germanophiles qui existent dans l’Amérique du Sud.

De notre côté, du reste, on pratique également une politique d’achats. Par exemple, au Brésil, les États-Unis et l’Angleterre ont acheté d’avance pour 80 millions la production de laine de l’État de Rio Grande do Sul évaluée à 23 000 tonnes.

La question de la soie se présente également dans des conditions très favorables aux Alliés, quand on se borne à examiner les chiffres de production et de consommation. Il faut toutefois tenir compte, dans ce cas, des intérêts divergents qui risquent d’occasionner des malentendus et des froissements entre l’Italie, le Japon, les États-Unis, etc. En outre, la soie est une matière moins indispensable que le coton et la laine ; elle peut, dans une certaine mesure, être remplacée par la soie artificielle ; et elle joue un rôle bien moindre dans l’industrie allemande. Néanmoins, nous avons là encore un moyen d’action, dont on doit tenir compte d’autant plus que la soie peut, comme cela se passe depuis le blocus, remplacer les autres textiles dont l’Allemagne serait privée.

Dans la production de soie grège, le groupe allié (sans la Russie) représente approximativement 91,25 pour 100 ; le groupe neutre avec la Russie 3,3, et le groupe ennemi 5,45 pour 100. Le plus gros fournisseur est le Japon, où la production a plus que décuplé depuis 1875. Elle y atteint près de 12 000 tonnes (à raison de 1 kilogramme de soie pour 12 kilogrammes de cocons) : soit environ moitié du total mondial. La Chine vient ensuite avec une exportation de 8 500 ; puis l’Italie avec 3 540. Dans le camp opposé, la Turquie monte à 1175. La France a une petite production de 350 tonnes dans la métropole et de 12 tonnes en Indo-Chine. D’une façon générale, la production baisse en Chine, aux Indes, en France et en Italie ; elle progresse un peu en Turquie et beaucoup dans le Turkestan et la Perse qui n’exportent pourtant au total (1913) que 435 tonnes.

Dans l’ensemble, on peut dire que le Japon est maître du