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d’abord, suivant un ordre que nous allons adopter pour chaque substance, comment se répartit la production mondiale, et, notamment, quelle est la part de la France, puis comment se présente le cas particulier de l’Allemagne (besoins et ressources).

La production mondiale de coton, qui était, vers 1880-90, de 8 à 9 millions de balles (de 226 kilogrammes), dépassait, avant la guerre, 25 millions de balles, dont, en moyenne, 14 à 15 millions venaient des Etats-Unis, 4 millions des Indes, 1 500 000 de l’Egypte et 370 000 du Brésil : soit à peu près 20 millions pour le bloc allié. En tête des autres pays producteurs vient le Turkeslan russe, où l’on est arrivé à 1 500 000 balles en 1915-1916 : ce qui a permis à la Russie de couvrir les quatre cinquièmes de sa consommation. Puis environ 400 000 sont réparties entre le Mexique, le Pérou, la Perse et la Turquie d’Asie. Depuis la guerre, les récoltes ont baissé partout et sont descendues à 18 millions de balles pour les Alliés.

Quand on calcule en tonnes, ou peut fixer approximativement à 5 ou 6 millions de tonnes la consommation mondiale, sur laquelle les Centraux consomment près de 700 000 tonnes et ne produisent rien.

Si on prend la question sous une autre forme, le groupe allié, défalcation faite de la Russie, représente 110 millions de broches, dont environ 56 dans le Royaume-Uni, 30 aux Etats-Unis, 7,4 en France, 6,4 aux Indes. Le groupe des Centraux comptait 16 millions de broches et les neutres, avec la Russie, environ 16. L’Alsace-Lorraine, qui, dans cette statistique de 1913, figure en Allemagne, représente à elle seule 1 900 000 broches de filature. Ces chiffres montrent dans quelles proportions l’industrie cotonnière de la France va se trouver accrue par la désannexion de l’Alsace-Lorraine. Aux 1 900 000 broches de filature alsaciennes, qui représentent à peu près le quart de ce que nous possédons actuellement, viendront s’adjoindre 46 000 métiers à tisser et 160 machines à imprimer. Pour le sujet spécial des matières premières qui nous occupe ici, ces usines bénéficieront de tout ce que nous nous proposons de refuser aux Centraux. L’Alsace retrouvera ses fournisseurs habituels. Comme il faudra le temps de remettre en état nos usines du Nord, et celles également qui ont pu souffrir en Alsace, il n’y a pas à prévoir, pour le ravitaillement de la France en coton, d’autres