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passerons ensuite très sommairement en revue les principales substances, en choisissant quelques-unes de celles pour lesquelles cette bataille économique paraît devoir être le plus décisive. Si nous voulions traiter le sujet complètement, il y aurait encore à examiner à ce propos les moyens que l’on peut employer pour remédier à certaines disettes de matières premières : soit par des économies, soit par des remplacements. Les Allemands ont fait un très grand usage de ces succédanés (Ersätze) depuis le blocus et se sont montrés très fiers du secours que leur a apporté leur chimie. Ils ont trouvé quelques artifices ingénieux ou hardis. Mais le problème de paix, qui nous intéresse en ce moment, est, à cet égard, très différent du problème posé par la guerre. Il ne s’agira plus de « tenir » coûte que coûte, mais de commercer ; et, le prix de revient recommençant alors à jouer son rôle implacable, la plupart de ces remplaçants coûteux ne constitueront plus que des palliatifs tout à fait insuffisants.


On pourrait entendre les matières premières dans un sens très général, en y comprenant ces deux groupes de substances essentielles qui servent d’aliments, les unes aux moteurs animés, les autres aux moteurs ignés : les vivres et les combustibles. Forcé de me borner, je les laisserai ici décote[1]. Je me bornerai à examiner les textiles (coton, laine et soie), le caoutchouc, les graines oléagineuses, le fer, le cuivre, l’étain, le nickel et les phosphates.

Quelle que soit la substance visée, le but et les moyens d’action seront à peu près les mêmes. Il s’agit toujours de réserver aux Alliés la préférence pour les achats de matières premières à effectuer chez eux. Je rappelais, dans un article précédent, ce mot d’un ministre britannique que le peuple le premier prêt à la lutte économique internationale acquerrait, de ce chef, un avantage énorme. Nous pouvons et nous devons, très simplement, très légitimement, nous assurer cet avantage. Si on examine la question en théorie, nous n’avons qu’à le vouloir. Le monde, dans les premières années qui

  1. Je rappelle au surplus que j’ai déjà traité ici même le sujet des combustibles. Voir mon article : Le problème de la houille, dans la Revue du 1er septembre 1915.