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son cours inférieur el la Luce enferment entre trois côtés d’un quadrilatère le champ de bataille où se déroulera la première partie de la bataille. Il faudra l’irruption des Allemands à la droite du Debeney et le repli anglais à sa gauche pour que la bataille suit reportée sur la ligne droite tracée par les Trois-Doms, l’Avre et le cours inférieur de la Luce à Hangard.

Le 21, le plus pressant paraissait être, pour qu’Amiens ne fût point plus longtemps menacé, d’étayer le 18e corps britannique dans le Santerre ; la 4e division de cavalerie et la 133e division furent poussées au Nord, afin de soutenir nos Alliés et, au besoin, de les relever sur le front Erches-Bouchoir : ainsi ceux-ci pourraient-ils concentrer leur résistance plus au Nord. Mais avant même que le mouvement eût toute son efficacité, l’ennemi, poussant de toute part, bousculait tout ; dès 8 heures, Erches était attaqué et enlevé et la ligne Saulchoy-Warzy-Guerbigny bientôt occupée par lui : c’était la ligne de l’Avre entamée, — dans sa partie Est-Ouest, — et, d’autre part, la 56e nettement coupée des Anglais, décidément rejetés au Nord de Bouchoir. Pour comble de disgrâce, à droite, Grivillers était perdu : le 69e chasseurs à pied avait résisté vaillamment, mais près d’ètre cerné, il avait dû, avec des éléments de cavalerie, se jeter vers Marquivillers, tandis qu’une compagnie, encerclée, continuait à se défendre, durant dus heures, avec l’énergie du désespoir. C’était le débordement par le Sud ; on précipita des troupes de ce côté, sur Fescamp, sur Piennes, pour couvrir Montdidier immédiatement menacé. On ne peut même atteindre Fescamp et quand on arrive à Piennes, c’est pour y être enveloppé dans la retraite dus éléments de droite : ceux-ci ont épuisé leurs cartouches, que le retard du ravitaillement ne permet pas de remplacer. L’ennemi est maintenant sur Montdidier. Nous savons déjà que la 22e division, corps de gauche d’Humbert, a cédé à son tour, a reculé sur Rollot, au Sud de la ville, découvre même Maignelay où se trouve encore le général Debeney : derrière Montdidier même, le trou, nous l’avons vu, reste ouvert, et c’est en toute vérité que le général Debeney peut télégraphier au groupe d’armées : «… Il y a un trou de 15 kilomètres entre les deux armées où il n’y a personne. Je demande au général Fayolle de faire prendre en camions des troupes et de les faire porter au Nord du Ployron, pour s’opposer au moins au passage de ta cavalerie. »