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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Dès le commencement de juin, la deuxième, ou, selon la manière de compter, la troisième offensive allemande de ce printemps était à bout de souffle. C’était bien la troisième : 21 mars, précision astronomique; 9 avril, 27 mai. Et toutes les trois avaient suivi le même rythme : prépondérantes au début, et presque irrésistibles, puis contenues, puis équilibrées, puis fixées, d’un mouvement en quelque sorte uniforme et dans des délais, à des termes pour ainsi dire invariables ; soixante-douze heures, cinq jours, huit jours, dix jours. La dernière de ces attaques est celle qui le plus rapidement avait donné les plus grands résultats, mais non pas tels pourtant que le Kronprinz impérial et ses conseillers militaires se les étaient promis. Arrêté sur l’Aisne, à l’Ouest de Soissons, vers Pernant; de Longpont à Troësnes, aux lisières de la forêt de Villers-Cotterets ; sur la Marne, vers Bonneil, en aval de Château-Thierry, il s’est retourné du côté de l’Oise.

Le 9 juin, ses bataillons se lançaient à l’assaut de nos positions sur une trentaine de kilomètres, entre le Sud de Montdidier et le Sud de Noyon. Mais ses progrès, ici, furent tout de suite plus lents, plus courts et payés très cher. Notre front, avant le combat, traçait sensiblement une ligne Rubescourt, Sud de Rollot, Orvillers-Sorel, Sud de Canny, le Plessier-de-Roye, Cuy, Vauchelles, Sud de Noyon. Sous le poids il plia, d’une de ses extrémités à l’autre, s’infléchissant et se creusant surtout au centre, où, le 10, de bonne heure, les Allemands avaient atteint Ressons et Mareuil-sur-Matz. A notre droite aussi, dans ce secteur, le long de la quadruple voie de descente vers Compiègne et plus bas, que forment la route, le chemin de fer, le canal