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LA BATAILLE
VUE DU CÔTÉ DES CHEFS


Ces bons soldats ont de bons chefs.
G. CLEMENCEAU.


Depuis bientôt quatre ans que nous vivons dans l’atmosphère de la bataille, nous avons une littérature de guerre non pas innombrable mais nombreuse, où bien sûr tout n’est pas de même valeur, mais où se trouvent des pages admirables et qui devront être à jamais relues, parce qu’elles sont le témoignage, direct et pris à sa source, des vertus guerrières que la France, une fois de plus, a révélées intactes et telles qu’aux jours les plus glorieux de son histoire. Il est toutefois un aspect de la bataille dont on ne nous parle jamais et dont nous ignorons à peu près tout. Sur le combat, tel qu’il se développe depuis les parallèles de départ, à travers le terrain raviné de trous d’obus où chemine la vague d’assaut, les témoignages abondent, combien émouvants et combien magnifiques ! Mais comment a été préparée, combinée, réglée, coordonnée l’opération ? Et pendant qu’elle se poursuit, qui en surveille l’exécution ? Qui en rectifie les flottements, en précipite ou en arrête la marche ? Qui en est le cerveau et comment fonctionne-t-il ? Là-dessus, on ne nous dit rien. Non du tout pour un motif de réserve et parce qu’il convient de ne pas divulguer et découvrir à l’ennemi les secrets de notre organisation, mais en raison d’un autre principe constamment appliqué au cours de cette guerre, depuis la rédaction des communiqués jusqu’à la confection des récits de bataille officiels. Il consiste à passer sous silence le