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de parler flamand, ce qui ne laisserait pas de leur être facile, si nos programmes scolaires étaient rigoureusement appliqués. Au surplus, l’étude des langues vivantes deviendra pour les Belges, comme pour tous les habitants des petits pays, un exercice obligatoire. Commençons donc par apprendre et par cultiver celles de la Belgique. C’est une excellente gymnastique ; elle aidera nos fils à s’assimiler avec moins de peine les langues étrangères.


Quelques mots encore pour terminer.

Pendant près de vingt ans j’ai eu l’honneur de représenter le gouvernement du Roi à l’étranger. Sauf en Allemagne, on y semblait ignorer nos divisions linguistiques. Notre seul nom, partout populaire, était celui de Belge. On admirait la Belgique laborieuse et florissante ; on la citait comme un exemple ; on la prenait pour modèle ; elle n’était alors qu’un objet d’envie, — pas encore un objet de pitié.

Ce nom de Belge, déjà célèbre du temps de César et synonyme de bravoure, n’a-t-il donc pas été assez bien porté dans la suite, que quelques-uns de nous en aient fait fi ? Faut-il que la guerre et l’invasion, ces suprêmes épreuves où se trempe l’indépendance d’une nation, nous laissent, outre la dévastation et la ruine, une déchirure intérieure, pire encore et plus longue à réparer ? Ne leur devrons-nous pas au contraire, quoi qu’en espèrent nos ennemis, la consolidation de notre unité, raffermissement de notre patrie ?

Notre devoir impérieux, après le retour de la paix, sera de rétablir la santé morale et matérielle de la Belgique, compromise par une accumulation de souffrances sans nom et une prolongation de privations sans précédent. Nous n’y parviendrons que par une cohésion plus forte de tous les Belges, par un groupement plus étroit des deux éléments ethniques, par une existence commune plus unie et plus intense.


BEYENS.