culturale. Elle repose sur l’égalité parfaite de droits entre Flamands et Wallons, notre Constitution ne faisant entre eux aucune différence, et par conséquent sur leur égalité linguistique, qu’elle mentionne expressément. Son article 23 est ainsi conçu : « L’emploi des langues en Belgique est facultatif. Il ne peut être réglé que par la loi et seulement pour les actes de l’autorité publique et pour les affaires judiciaires. »
Quoi de plus légitime, convenez-en, que la poursuite de cet idéal : restaurer dans le milieu flamand la bonne vieille langue du terroir et en forger un outil perfectionné pour le relèvement de la race, pour l’épanouissement des dons qu’elle tient du sang généreux de ses ancêtres ? Rien de plus blessant, d’autre part, que de représenter cette langue, parlée par la majorité des Belges, comme un idiome vulgaire, un patois à l’usage du bas peuple et des paysans. De quoi malheureusement on ne s’est pas fait faute, tant en Belgique qu’à l’étranger.
A partir de 1873, certaines satisfactions avaient été données au mouvement flamand par le pouvoir législatif sous forme de lois, ayant pour objet d’établir l’égalité linguistique dans la justice répressive, l’administration, l’armée et l’enseignement. La dernière en date, celle du 15 juin 1914 sur l’enseignement primaire obligatoire, n’a précédé que de quelques semaines le déchaînement de la guerre mondiale. Cette législation prend pour base la frontière linguistique : le pays est classé en territoires flamands ou wallons, suivant qu’ils sont situés d’un côté ou de l’autre de cette ligne de démarcation. Les communes mélangées sont rangées par arrêté royal au nombre des flamandes ou des wallonnes, d’après le parler de la majorité des habitants.
L’arrondissement de Bruxelles fait exception, vu son caractère spécial. Notre capitale n’est ni flamande ni française. Les deux langues y sont employées concurremment, mais le rayon d’action du français est beaucoup plus considérable ; c’est la langue de l’administration, de la société et des affaires, la seule qu’on parle aux étrangers. L’agglomération bruxelloise a donc été dotée avec raison d’un régime mixte et particulier.
Pour faire acte de bonne justice, le législateur avait réorganisé dans les deux langues l’enseignement primaire et