Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc pas unique et particulier aux Flamands. On le retrouve à des degrés divers, sous des dehors différents, chez d’autres races, issues de souche latine, germanique ou slave.


En quoi consistaient au juste les revendications des promoteurs du mouvement flamand ? Il me semble qu’on peut résumer leur programme en une idée fondamentale, ayant son application dans l’existence politique et sociale de la population flamande.

Ils revendiquaient pour cette population « le droit inaliénable de développer elle-même, suivant son propre caractère et dans sa propre langue, sa vie et sa personnalité historiques. A chacun son droit, à chacun sa langue[1]. »

En même temps, ils s’alarmaient de l’état d’infériorité du pays flamand vis-à-vis du pays wallon. Celui-ci avait été avantagé par la richesse de son sous-sol et par la naissance d’une grande industrie. Son instruction générale et sa formation technique en avaient bénéficié, non moins que le bien-être de ses ouvriers qui touchaient des salaires très supérieurs à ceux des agriculteurs des plaines flamandes. Les propagandistes flamingants voulurent mettre leurs congénères à même de développer intégralement, comme les Wallons, leurs capacités intellectuelles et morales, en vue des progrès à réaliser dans tous les domaines, économique, social et politique[2].

Pour y parvenir l’instrument tout trouvé était la langue maternelle, qu’il fallait perfectionner, polir, unifier, en la dépouillant des locutions locales, et rendre égale à sa sœur néerlandaise. Cet instrument, manié par une élite intellectuelle, servirait à instruire et à guider les classes populaires, mais l’élite avait besoin elle-même de recevoir en flamand un enseignement complet, depuis le premier degré, qui est l’école primaire, jusqu’au faite, qui est l’université.

La culture de la langue maternelle dans le pays flamand et son adaptation à toute l’organisation administrative et judiciaire constituent ce que le programme flamingant appelle l’autonomie

  1. Protestation collective des Associations flamandes de Belgique au Chancelier impérial du 30 janvier 1918.
  2. Cf. le très intéressant livre de M. Ferdinand Passelecq, la Question flamande (Berger-Levrault), qui expose magistralement l’état de cette question.