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qui était L’orgueil de la maison, sa lumière et sa gaieté. Quand George Sand apprit ce malheur, elle alla trouver son ancien ami, et lui tendit la main ; F. Buloz ne put que lui dire : « Oh ! George, que je suis malheureux ! »

L’année suivante, elle écrivait à son ami : « Quand je vous ai vu dans la douleur, vous avez vu que j’ai tout oublié pour vous tendre la main. Votre pauvre femme a-t-elle repris le dessus ? Il lui reste encore de charmants enfants pour la consoler. Dites-lui pour moi mille choses affectueuses, et que j’aurais été la voir depuis cette malheureuse circonstance si je n’étais pas un ours[1]. »

En 1847, F. Buloz tenta de ramener George Sand au théâtre ; il le tenta, surtout quand il vit accroître ses pouvoirs à la Comédie, sous le ministère de Rémusat ; quelque temps après la première du Caprice, il lui écrivait :

« Que diable ! nous ne pouvons pas mourir séparés ! Nous devons nous rejoindre de nouveau. Pour moi, j’ai toujours gardé le souvenir de nos jours d’amitié, et je voudrais les voir renaître. Le voulez-vous ? Je n’ajouterai qu’un mot : la situation est toute nouvelle ici, et je voudrais que nous prissions une revanche sur notre soirée du 29 avril 1840[2]. La chose est facile si vous le voulez, le moment est bon. Voyez le succès d’Alfred de Musset ! Quant à la Revue, votre place est toujours là, vous le savez… » Et le 10 décembre : « Ne repoussez pas l’idée de travailler pour le Théâtre-Français. Savez-vous, à ce propos, que Scribe fait une pièce intitulée le Maréchal de Saxe pour Mlle Rachel ? Sa pièce sera jouée en mars.

« Ma femme est très sensible à la marque de souvenir que vous lui donnez, elle vous écrira. Allons, mon cher George, revenez à nous, comme à de vieux amis qui n’ont jamais cessé de vous aimer, et quelles qu’aient pu être les apparences et les colères. »

Pour la Revue, il y a quelques tentatives de rapprochement, de part et d’autre. George Sand, dans la lettre que j’ai citée, offre même un roman. « C’est M. Hetzel qui l’a entre les mains. Si vous voulez le voir ou lui faire parler, je ne pense pas qu’il ait disposé encore de ce roman. . Ce serait très convenable pour une Revue et j’aurais quelque regret à le morceler en

  1. Inédite.
  2. Première représentation de Cosima.