Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette liaison, car cette liaison la tente. Elle écrit en terminant : « Quant au petit (c’est Chopin), il viendra s’il veut, à Nohant, mais dans ce cas-là, je voudrais être avertie d’avance, parce que j’enverrai Malefille, soit à Paris, soit à Genève. Les prétextes ne manqueront pas et les soupçons ne lui viendront jamais. » Pauvre Malefille ! C’est ainsi que Chopin « régna, » comme dit F. Buloz, au détriment de cet « être excellent, parfait sous le rapport du cœur et de l’honneur que je ne quitterai jamais, parce que c’est le seul homme qui, étant avec moi depuis près d’un an, ne m’ait pas une seule fois, une seule minute fait souffrir par sa faute[1]… »

Pour aller à Barcelone, voici les Piffoels à Lyon. Chopin ne rejoindra qu’à Perpignan, descendant le Rhône jusqu’à Avignon, visitant Vaucluse, etc. A Perpignan, on retrouvera Chopin « frais comme une rose, et rose comme un navet. » Mais on s’est arrêté aussi à Nîmes, où l’on a vu en passant le fidèle Boucoiran, et de Nîmes George Sand écrit, le 1er novembre, à F. Buloz, pour lui annoncer la troisième partie de Spiridion. (n’ai-je pas dit que Spiridion était du voyage ? ) et aussi pour complimenter son ami, qui vient d’être nommé Commissaire Royal ; elle termine ainsi sa lettre :

« Adieu, monsieur le Commissaire !

« Je pars pour Perpignan, et vous la souhaite bonne et heureuse.

« Embrassez Christine pour moi.

« J’ai l’honneur d’être, de votre commissairerie, le très humble et très, etc. etc.

« GEORGE. »


Et Boucoiran ensuite écrit :

« J’embrasse le charmant Buloz, que je porte dans mon cœur. Mes amitiés à Mme Buloz. »

Et encore George Sand :

« Je vous dirai à propos de cela que j’ai une femme de chambre qui écrit ses impressions de voyage, vous les publierez. »

Et, pour finir, Maurice :

« Bonjour Buloz, salut Buloz, adieu Buloz »

“ MAURICE. »

  1. Wladimir Karénine. George Sand. Tome III. Lettre à Gryzmala.