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trouvons un écho bien net dans la Gazette de France du jeudi 21 septembre 1815 (no 264), page 1054 ; la Gazette était alors l’organe principal des royalistes français. On y lit l’entrefilet suivant : « Tous les gens honnêtes de la ville de Sarrebruck, et principalement toute la classe commerçante, désavoue formellement une soi-disant députation dont les démarches auprès des Puissances alliées tendraient à la réunion de cette ville à l’Allemagne. Cette députation est composée de deux individus, dont l’un d’eux (Böcking), tout à fait étranger à cette ville, a constamment été grand partisan du tyran Buonaparte, et ce n’est que par l’amour qu’il lui portait qu’il obtint, lors de sa toute-puissance, des lettres de naturalisation. Ces deux individus, du reste, sont des imposteurs ; leur mission n’avait pour but que d’obtenir une diminution sur les contributions imposées à la ville. »


IV

Vaines protestations ! Böcking, soutenu par l’administrateur Justus Grüner, appuyé sur la force brutale des armées et sur la force morale des négociateurs prussiens, pouvait, cette fois sans crainte, poursuivre son œuvre antifrançaise et dédaigner l’opinion commune des habitants de Sarrebruck. Arrivé à Paris, raconte le chroniqueur Wilhelm Schmitz, Böcking s’occupa avec son infatigable activité de faire réussir l’objet de sa mission. Il apportait en particulier à Gneisenau et à Stägemann les renseignements les plus circonstanciés sur les richesses du bassin minier de Sarrebruck et sur son importance pour la Prusse, Et, ajoutant le mensonge impudent à son œuvre de haine, il ajoutait que ce bassin minier intéressait si peu les Français qu’ils avaient formé le projet de vendre pour la somme d’un million de francs cette immense source de richesse nationale. Ainsi, Böcking affecte d’ignorer les travaux de l’École de Geislautern et tout ce qu’a fait Napoléon pour préparer l’exploitation du bassin de Sarrebruck ! N’ignorait-il pas, tout à l’heure, jusqu’au nom et à la situation du directeur de l’École, l’ingénieur Beaunier !

Les démarches de Böcking auprès des chefs militaires, des ambassadeurs et des princes, sont incessantes durant un mois. Par sa correspondance publiée et les notes extraites de ses