une sorte de sauvegarde provisoire. Grüner ne s’en soucie, malgré les protestations de Beaunior. Celui-ci, dans un rapport, daté du 25 avril 18 li adressé au gouvernement français, dénonce et flétrit les procédés astucieux et indélicats de Grüner qui est venu, comme un forban à main armée, fouiller tout l’établissement, faisant main basse sur toutes choses, papiers, documents, études, projets d’exploitation minière, instruments, échantillons de toute sorte, paraissant chercher quelque trésor qu’il ne trouve point, et s’en retournant sans cacher son dépit. Il fut guidé dans cette perquisition par un traître, employé subalterne contre lequel Beaunier dut sévir, dès que la paix qui laissait Sarrebrück à la France fut signée.
Quant à Bôcking qui s’était montré, naguère encore, si chaud partisan de la France, sa volte-face politique, si brusque en apparence, et le rôle qu’il joua auprès de Grüner et des chefs militaires prussiens qu’il renseignait sur toutes choses, indignèrent si fort la population sarrebrückoise qu’il ne put garder les fonctions de bourgmestre que lui avait valu son « patriotisme. » Au bout de cinq semaines il démissionna, prétextant, lui qui s’occupait si ardemment de propagande prussienne, qu’il voulait se consacrer exclusivement à l’administration des mines et à la gestion des affaires de son beau-père. Au surplus, cette retraite, volontaire ou forcée, ne devait pas être de longue durée.
Le traité de Paris du 30 mai 1814 laissa, comme nous l’avons vu, Sarrebrück à la France. Les efforts de Grüner qui, le premier, croyons-nous, proclame que tout pays où l’allemand est parlé doit faire retour à l’Allemagne, les agissements de Bôcking et de ses amis Zimmermann, Lauckhardt, Fauth, Bleibtreu et quelques autres, étaient demeurés vains, bien qu’ils se fussent prolongés jusqu’au 9 juin, et malgré aussi les excitations du fameux Mercure rhénan de Gôrres. Il suffit de l’arrivée du général Durutte envoyé de Metz pour mettre un terme à cet essai d’agitation prussienne.
Les Sarrebruckois, en constatant que les projets français d’exploitation des mines avaient été entravés par l’invasion, ne cachaient pas leur aversion pour les Prussiens, détestés d’ailleurs dans tout le pays rhénan. En dépit des événements et malgré les efforts de Bôcking, tout à fait discrédité et impopulaire, ils avaient conservé pour Napoléon les sentiments d’attachement et de reconnaissance dont ils avaient donné