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dû à leurs travaux qui malheureusement, comme on le verra par la suite, s’ils furent perdus pour la France, ne le furent pas pour les Prussiens.

Napoléon s’intéressa particulièrement a l’exploitation des mines et à la législation qu’il convenait de leur donner. Dès le 13 frimaire an XIII (4 décembre 1804), il posait en principe, — ce qu’il n’est peut-être pas superflu de rappeler aujourd’hui, — que la houille « doit demeurer toujours au meilleur marché possible parce que c’est une matière première nécessaire à l’exploitation et à la mise en valeur des richesses du sol ; ce principe vivifiera l’industrie[1]. » C’était traiter la houille comme le pain et le sel.

En 1808, un décret impérial qui partageait les houillères de la Sarre en soixante arrondissements de concessions, est précédé d’un exposé des motifs du ministre de l’Intérieur, Monlalivet. Le décret, y est-il dit, a pour but « de prévenir à jamais le monopole des minés de la Sarre ; de faire baisser autant que possible le prix de ce combustible précieux ; d’en multiplier l’emploi : d’offrir à un grand nombre de particuliers, même dans la classe non fortunée, la faculté de prendre part à la propriété souterraine, et de favoriser l’agriculture, le commerce et l’industrie[2]. »

Cette mesure, on le conçoit sans peine, fut accueillie avec le plus vif enthousiasme par les habitants du pays, et le Conseil général du département de la Sarre vota, le 14 janvier 1809, de chaleureux remerciements à l’Empereur. Napoléon pressait d’autant plus les travaux qu’il trouvait, dans le développement de l’exploitation des mines et des industries sidérurgiques, un moyen de remplacer le marché anglais fermé par le blocus continental. En 1812, Montalivet lui rend compte « des dépenses considérables que le gouvernement a faites dans les mines de Sarrebrück, où il a exécuté des travaux d’art qui, non seulement ont facilité l’exploitation jusqu’à ce jour, mais qui seront encore longtemps utiles aux concessionnaires à venir. »

L’Empereur voulut juger par lui-même et sur place du travail de ses ingénieurs. « Le 11 mai 1812, raconte M. F. Fngerand, dans son livre si rempli de renseignements nouveaux, Napoléon, passant par Sarrebrück pour rejoindre son armée

  1. Cité par F. Engeraml, Les frontières lorraines, p. 73.
  2. F. Engerand, op. cit. p. 78.