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neutralité. Une fois de plus la presse tchéco-slovaque est prompte à la parade : elle dévoile les dessous de cette campagne soi-disant neutraliste, et la fait échouer comme toutes les autres manœuvres de l’ennemi.

Ajouterons-nous qu’elle a dénoncé sans relâche le sinistre triumvirat Dumba-Von Papen-Boy-Ed ? que le rappel de ces trois bandits camouflés en diplomates lui est dû en grande partie ? qu’elle a chaudement prêché l’accession des États-Unis à la coalition antiallemande ? Sans doute, les Tchèques ne sont pas les seuls auteurs des sympathies que l’opinion américaine a conçues pour nous. Toutes sortes de causes y ont contribué : notre propagande et le travail intérieur, lent, mais sûr, de l’âme yankee, le martyre de Louvain et de Reims et le prestige de la Marne et de Verdun, et, plus que tout peut-être, les crimes et les sottises de nos ennemis. Mais, dans ce vaste concert de forces qui ont agi sur l’esprit des républicains d’outre-Atlantique, l’influence des Tchéco-Slovaques n’a pas été négligeable. Dans les grands centres industriels ou politiques, ils ont contrepesé, malgré la disproportion du nombre, l’effrayante pression par laquelle les pro-Germains risquaient de déformer la conscience américaine. Plût au ciel que, chez tous les neutres, la bonne cause eût rencontré autant de bons avocats !


IV

A la différence des émigrés dont nous venons de parler, les Tchèques restés dans le royaume de Bohème ne pouvaient servir directement les intérêts de l’Entente. Ils nous ont aidés quand même, en affaiblissant, en désorganisant le plus possible les forces vitales de l’un de nos adversaires.

Et d’abord ses forces militaires. Si mal renseignés que nous soyons sur les choses d’Autriche-Hongrie, des lueurs de vérité ont filtré jusqu’à nous, assez pour que nous puissions entrevoir le vaste ensemble de mutineries et de défections qui a maintes fois paralysé la vigueur offensive du « brillant second, » et qui est l’œuvre, un peu, de tous les soldats slaves et latins de la Double Monarchie, mais surtout des Tchéco-Slovaques.

Cette espèce d’indiscipline générale ne semble pas, au début, avoir été préparée par un travail méthodique : elle a été plutôt